Grimper, descendre et encore grimper. Parcourir la montagne en ski de randonnée, c’est la promesse de revenir exténué mais aussi de découvrir des endroits où peu de gens osent s’aventurer. Il n’en fallait pas plus à Zeger Dox et ses amis pour partir faire le tour de la Meije et de ses refuges isolés.
Souvent surnommée « paradis des freeriders », La Grave est connue pour son fameux téléphérique qui nous emmène de 1400 m à 3200 m et donne accès à d’innombrables couloirs bien raides, à dévaler entre les arbres. Alors c’est décidé : on part pour une aventure de refuge en refuge, sac sur le dos et ski de randonnée aux pieds.
Il faut bien se préparer. La montagne ne se laisse pas si facilement dompter et elle aura toujours le dernier mot. Baudrier, crampons, DVA-pelle-sonde, eau, quelques barres d’énergie… Mon sac à dos de 35 litres est déjà rempli. Je peux à peine y ajouter un petit appareil photo hérité de ma grand-mère et quelques rouleaux de pellicule. Le 35 mm nécessite de ralentir, prendre le temps de regarder. Parfait pour une aventure en ski de fond !
Le vent souffle fort le premier jour et nos muscles nous font déjà souffrir. Un peu de yoga en compagnie des gardiens du Refuge de la Selle nous redonne de l’énergie. Le lendemain, la visibilité est quasi nulle. Après quelques décentes dans la vallée, une tempête de neige nous oblige à retrouver le Refuge du Promontoire à l’aveugle. Pas de chauffage dans cette cabane à flanc de falaise : le petit réchaud à gaz ne fonctionne plus. Mais le couple qui nous accueille nous réconforte à coup de « punch maison ».
On passe la nuit secoués dans nos lits avec le vent qui cogne sur le refuge, en espérant que la météo s’améliore… Le lendemain, on se réveille avec un grand ciel bleu. Magique ! Pour rejoindre le prochain refuge, on grimpe les couloirs en cordée avant de redescendre des sections plus escarpées. Notre parcours nous amène le long de la brèche, de la face Sud à la face Nord de la Meige. On comprend mieux pourquoi elle fut l’une des dernières montagnes à être domptées.
On arrive enfin au refuge de l’Aigle, reconstruit en 2014 à partir d’éléments restaurés de la cabine d’origine qui, elle, avait plus de 100 ans. Après avoir parcouru 1000 mètres à l’horizontal et 3500 à la verticale, les quelques bières belges qu’on a réussi à transporter se font bien apprécier ! Seuls dans le refuge, on passe la nuit à rire et à danser. Le jour suivant, alors qu’on reprend la route à ski, Louis, le gardien, nous joue une chanson de J.J. Cale depuis le balcon. Comme dans un film !
Le lendemain, on décide de prendre la route le plus tôt possible pour rejoindre le Refuge Adèle Planchard. On saute du lit avant le lever du soleil pour skier dans l’obscurité. La montagne se réveille paisiblement et nous offre un spectacle indescriptible. Les jours se suivent et se ressemblent, pour notre plus grand plaisir : des nuits froides en lits superposés, les yeux gonflés et les lèvres gercées par l’altitude, on grimpe, on skie, on rigole, on boit du vin la nuit et du café le matin.
Au pied du Glacier de L’Homme, une rivière nous tend les bras : une petite baignade, aussi rapide fut elle, est inévitable. Après six jours en chaussures de ski, on est plutôt content de se retrouver pieds nus dans l’herbe verte. Mais on recommence déjà à rêver d’altitude, de neige fraîche et de refuge isolé…
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