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Une vielle bagnole, une bande de potes, la curiosité comme moteur, l’Amérique pour carburant… un voyage sans autre but ni destination que la route elle-même.
Sur les traces de Jack Kerouac, Jim Harrison ou encore Dennis Hopper, on se plait à rêver de ces mythiques échappées routières, au pays où tout est plus grand. Plaisir de suivre sa route, plaisir de s’approprier ces lieux de tous les fantasmes. Les road-trips sont une véritable institution aux États-Unis. Présentation de 7 routes mythiques, immortalisées par des photographes de talent, que nous vous avons présentés – pour la plupart – dans notre dossier 23 jeunes photographes français à suivre absolument.
C’est sous le noble label de «National Scenic Byway» que l’on retrouve les routes reconnues pour leurs richesses archéologiques, culturelles, historiques, naturelles… Parmi elles, peuvent aussi fanfaronner les «All-American Roads», la crème de la crème des routes américaines ! Des rubans de bitumes, des tronçons de vie, qui permettent de prendre pleine mesure de l’immensité du continent, de sa démesure et de ses richesses. Des côtes escarpées léchées par le tapis azuré du Pacifique, aux paysages érodés et empourprés de l’Arizona et de l’Utah, en passant par le sauvage Colorado… autant de promesses de trajets initiatiques.
Au gré des envies, des rencontres et des coups de coeur, on s’abandonne au plaisir charnel de se sentir vagabond. Les journées s’étirent comme des tableaux vivant au ralenti et les airs écoutés deviennent la bande son de souvenirs indélébiles. Une véritable ode à la liberté, une promesse d’aventure sur les grandes lignes de l’Amérique sauvage.
Particularité : une route sinueuse de 40km, considérée comme l’une des plus dangereuses des USA
On y va pour : la diversité des paysages entre haute montagne et désert
Fuyez si : vous êtes fébrile en altitude et en voiture, votre organisme risque de vous jouer des tours !
Cette toute petite portion de l’US 550 reliant Ouray à Silverton dans le sud du Colorado fait partie de la San Juan Skyway. 40 km de bitume répondant au doux surnom de «route à un million de dollars ». En quel honneur ? Certains disent que la route a coûté un million de dollars par mile à la construction, d’autres évoquent le prix du terrain. Pour la version plus glamour, la légende raconte que le sol qu’elle recouvre contiendrait un million de dollars en minerai d’or…
Mais quand il s’agit de décrire cette route, les avis, eux, sont unanimes : la Million Dollar Highway est l’une des plus beaux road-trips de montagne des États-Unis ! Chutes de Box Canyon, pics et cols enneigés, sources d’eau chaude naturelles, forêts et lacs bleu saphir, falaises abruptes… La Million Dollar Highway offre des vues spectaculaires et n’a certainement pas de précieux que son nom ! Construite à flanc de montagne, elle ondule entre trois cols de haute montagne, alternant virages en épingles à cheveux et chaussées étroites à ras des rochers. Prudence, on peut vite être étourdi par tant de beauté !
Faire un tour par Shiprock, (« Rocher ailé » en Navajo), un oiseau taillé dans la roche censé transformer les ennemis en pierre.
Particularités : 883km depuis le nord de San Francisco jusqu’à San Diego, en passant par Los Angeles
On y va pour : savourer sa douceur de son vivre et s’offrir un véritable condensé de la Californie
Fuyez si : vous êtes plus concentrés à compter les palmiers qu’à regarder la route et ses virages en épingle
Épousant la côte pacifique sur près de 880km, celle que l’on appelle « California Dream Road » fait figure d’emblème des productions hollywoodiennes. Imaginez-vous confortablement installé à bord d’une Mustang décapotable, les Beach Boys en fond sonore, filant à travers la côte ouest des États-Unis. Là, vous le touchez du doigt l’authentique road-movie à l’américaine ? Départ de San Diego et ses plages ourlées de palmiers. Sans jamais s’écarter bien longtemps des côtes escarpées du Pacifique, on met le cap sur le nord jusqu’à San Francisco en traversant tout le Golden State, de Santa Cruz à Santa Barbara, en passant par Los Angeles. Sur la piste des séquoias géants, on atteint les falaises et criques de Big Sur, repaire de l’ami Kerouac et paradis sauvage des randonneurs, suivies du littoral de la baie de Monterey, somptueux refuge d’animaux marins.
Après un saut dans les terres, au coeur de la vallée viticole de Santa Ynez, on retrouve la côte et ses cités balnéaires, telles que Cambria où se prélassent des colonies d’éléphants de mer, avant d’atteindre San Francisco et son fameux Golden Gate Bridge. Sous un ciel d’un bleu intense, les kilomètres s’allongent, les heures passent et le plaisir dure.
Ne manquez pas Dana Point et les plages de Santa Monica, Venice Beach, Long Beach, Newport Beach, Laguna Beach, Sunset Beach…
Particularités : 103km dans un décor aride, reliant Kayenta au sud et Mexican Hat au nord
On y va pour : la photo cliché et les contrastes incroyables des paysages selon l’heure et la lumière
Fuyez-si : vous n’avez pas aimé les westerns de John Ford
Et Forrest Gump s’est arrêté et déclaré à ses admirateurs : « Je suis très fatigué, je vais rentrer chez moi maintenant ». C’est ici, à quelques kilomètres de Monument Valley que le héros du film de Robert Zemeckis a stoppé sa fameuse course à travers les États-Unis. Et ce n’est certainement pas un hasard. Au beau milieu de la route 163, au Mile Marker 13, le panorama frôle la perfection. La mythique US 163 est au premier plan et les buttes et mesas de Monument Valley sont au loin. L’équilibre parfait, un incontournable ancré dans notre imaginaire.
Et si on a l’impression d’avoir déjà vu des centaines de fois les paysages de Monument Valley, tant ils ont été filmés par Hollywood. On ne se lasse pas des plateaux aux parois abruptes, des buttes de grès et pitons de roche rouge cramoisi, chevauchant la frontière de l’Utah et de l’Arizona. Ces espaces sauvages donnent des envies de liberté mais n’oubliez pas, on est ici en territoire navajo, une terre sacrée !
Pour pousser l’ambiance western, possibilité de se la jouer John Wayne en parcourant le Monument Valley Navajo Tribal Park à cheval.
Particularités : une portion de 75 kilomètres sur l’Highway 120 qui court de Crane Flat (dans le nord-ouest du Yosemite) au Tioga Pass.
On y va pour : ses sentiers de rando et spots d’escalade fascinants
Fuyez-si : vous êtes revêche de la pédale de frein, difficile de résister à l’envie de s’arrêter toutes les 5 minutes
La route est longue sur l’Highway 120. Il faut dire qu’elle traverse la Sierra Nevada dans toute sa largeur – et toute sa splendeur ! Au coeur de celle que John Muir avait surnommé la « Chaine de lumière ». On rejoint le Yosemite National Park depuis Death Valley ou Mono Lake. Et pour traverser l’Eastern Sierra, c’est du côté de la Tioga Road qu’il faudra se lancer. Un trajet épique de 90 km à travers des paysages alpins majestueux. Vastes étendues de plaines, – dont Tuolumne Meadows -, chutes d’eau vrombissantes, lacs étincelants, prairies sauvages de montagne… Les paysages défilent, et presque brusquement, les mers de sapins deviennent géants de granite.
Du haut du Tioga Pass (3000m d’altitude), la vue est saisissante. D’Olmsted Point, la vallée s’étend à 360° surplombée par le Half Dome, comme une sentinelle bienveillante par-dessus le ciel infini. Partout le regard bute sur des cimes enneigées et immenses falaises de granite. Au milieu de ses vallées suspendues et dômes polis par la glaciation, on prend pleine mesure de la force de la nature, envahis par un sentiment planant de petitesse infini.
Cheminant en haute montagne, la route est fermée l’hiver, généralement de novembre à mai ; pensez à vérifier les conditions météo du jour.
Particularités : les 198 km peuvent être parcourus en 3 heures en ne s’arrêtant qu’à quelques points de vue. Comptez 2 jours minimum pour en profiter pleinement.
On y va pour : ses paysages rougeoyants brodés par le temps et ses points de vue en altitude.
Fuyez-si : vous n’êtes pas branché ambiance rustique !
124 miles de bitume taillé dans la roche, au coeur de paysages figés pour l’éternité. La Scenic Byway 12, c’est 200 kilomètres de bonheur de Brice Canyon et ses tours de grès rouge-ocre, à Torrey, mignon village près de Capitol Reef. A près de 3000 mètres d’altitude, plateaux rocheux, canyons sculptés, forêts de pins ou crêtes étroites se succèdent tout le long de cette sublime route panoramique. Des décors lunaires avec des points de vue à couper le souffle sur la Dixie National Forest (et le Red Canyon, version miniature mais non moins époustouflant du Brice Canyon), les immenses forêts de pins de Boulder Mountain et sur le Grand Staircase Escalante National Monument. La plus belle scenic drive de l’Utah n’a définitivement pas démérité son titre !
N’oubliez pas de couper le moteur et de vous arrêter à Powell Point Overlook, Boynton Overlook, Cal Creek Viewpoint et Homestead Point.
Particularités : une route de montagne de 80km au coeur du parc national de Glacier
On y va pour : son surnom aérien et ses belvédères plus magiques les uns que les autres
Fuyez si : vous n’avez pas envie de jouer à « Mais où est Charlie? », version grizzlis
Going-to-the-Sun Road…Un nom évocateur et prometteur. La « route qui va vers le soleil » arpente le relief escarpé du Glacier National Park (un des plus anciens parcs des États-Unis) sur 80 kilomètres, grimpant jusqu’au Col de Logan (1066m d’altitude). Une étape lourde de symbole puisque cette ligne de crête des Rocheuses représente la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique, le Pacifique et l’Arctique. En chemin, on gravit des côtes abruptes, effleurant les cascades bordant la route, longeant les parterres de fleurs sauvages. En contrebas, s’étendent des kilomètres de forêts et prairies alpines, mouchetées de lacs aux eaux laiteuses comme le somptueux lac McDonald. On en connait un qui s’est brûlé les ailes en filant vers le soleil, ici pas de risque, juste du bonheur et une sensation de grandeur infinie.
Attention, certaines portions (les plus hautes) sont fermées de la mi-octobre à début juin.
Particularités : 3664 km d’asphalte et de légendes qui courent de Chicago à Santa Monica. Compter 3 semaines de périple pour les puristes, ou possibilité de la parcourir par région.
On y va pour : se la raconter et revivre les moments forts d’Easy Rider ou Bagdad Café.
Fuyez si : écouter le refrain de « Get your kicks on route 66 » vire chez vous à l’obsessionnel.
La 66, l’emblème américain de l’ouest sauvage. Une route longiligne de près de 4000 km, bordée de villes immenses, de réserves naturelles, de grands lacs et longues rivières, de déserts rugueux constellés de cactus, de motels historiques et vieilles stations-service. La Route 66 est mythique à plus d’un titre. Si elle impressionne par son gigantisme – elle traverse tout de même trois fuseaux-horaires et huit États. Elle reste encore l’icône d’une Amérique nouvelle, unie et aventurière, le symbole d’une génération éprise de liberté et de voyages.
Arpenter la 66, c’est parcourir le grand roman de l’Amérique des années 50. C’est partir à la rencontre des chercheurs d’or, des Indiens, des cow-boys… Et faire la chasse à un passé glorieux, car derrière le cliché d’une route mythifiée, la Mother Road a aujourd’hui perdu de sa superbe. Elle est envahie par des herbes sauvages et nids de poule. Et même s’il est parfois difficile de retrouver son chemin. La 66 restera toujours dans l’imaginaire collectif le berceau du road movie à l’américaine. Une promesse de liberté et un vent de nostalgie qui donne envie de tracer la route infiniment, de rouler tout droit à travers ces paysages grands comme l’Amérique.
Profitez-en tant qu’il est encore temps. La route 66 est considérée dans les road-trips aux États-Unis comme un chef-d’œuvre en péril !
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