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Des montagnes sauvages, des steppes à perte de vue, des peuples nomades… Le Kirghizistan attire de plus en plus de voyageurs. On vous racontait récemment la traversée du Kirghizistan à vélo de Natacha de Mahieu, ou le périple de Elliott Verdier de Bishkek à Mailuu Suu. Un peu par hasard, Alice et Servan ont eux aussi pris la direction de cet ancien bastion soviétique pour y faire des rencontres dont ils se souviendront à jamais.
Le Kirghizi… quoi ? Mais c’est où ? Ça, c’est la question qu’on nous pose à chaque fois. Le Kirghizistan est un pays d’Asie Centrale coincé entre le Kazakhstan et la Chine. On doit bien avouer qu’avant de tomber par hasard dessus sur Google Maps, on ne savait ni où c’était, ni même que ça existait !
La seconde question est : « Mais pourquoi ? » En fait, on cherchait une destination hors des sentiers battus, loin des touristes. Et en partant au mois d’août, ce n’était pas gagné ! C’est un pays peu connu, avec de grands espaces naturels et préservés. Parfait ! Alors on a regardé des vidéos de voyageurs qui s’y sont déjà aventurés, et on en est tombé amoureux.
Cinq heures de vol plus tard on arrive à Bichkek, où l’on reste 2 jours pour faire le tour de la capitale et prendre nos marques. Ici, l’architecture soviétique et les vieilles Lada côtoient les malls à l’américaine et les iPhone dernière génération. Les jeunes que l’on rencontre se retrouvent le soir dans les parcs pour faire des tractions, ou bien à la fête foraine pour tirer à la carabine et frapper des punching balls pour impressionner les filles.
On s’échappe vite vers l’air frais des montagnes rases et verdoyantes de Kochkor. On embarque dans la veille golf rouge de Mickaï, direction les premiers camps de yourtes. À l’arrière du taxi, on baragouine à sa femme nos rudiments de russe à l’aide d’un livre pour enfants illustré. On leur explique qu’on cherche un guide pour faire le tour du lac Song-Kul à cheval.
Trouver notre guide n’est pas si simple mais nous permet de découvrir l’hospitalité, la gentillesse et la générosité du peuple kirghize. De caravanes en yourtes, on se fait offrir des verres de lait de jument fermenté : le koumis, boisson nationale (d’un goût discutable) qu’il faut boire absolument, au risque de paraitre impoli. Dans tous les campements, une yourte est réservée aux visiteurs de passage, remplie de gâteaux, thé, crème, beurre et confiture qu’ils ont plaisir à nous offrir.
Le ventre bien rempli, on sangle nos sacs sur les chevaux et l’on part avec Medet, notre guide, et son énorme chien-loup sur les talons. Au fur et à mesure de la journée, les autres chiens de berger que l’on croise s’ajoutent à notre sillage. Arrivés au premier campement à la nuit tombée, on discute autour du poêle qui réchauffe la petite yourte. « Mais au fait Medet, tu as quel âge ? » il nous montre 12 avec ses doigts et nous raconte comment, pendant l’été, il fait vivre sa famille en guidant les touristes comme nous à travers les collines qui mènent au lac.
Ces 3 jours au milieu des steppes et des troupeaux de chevaux en liberté nous ont bouleversé. En accédant au sommet d’un promontoire, on découvre sous nos pieds un océan de collines. L’horizon semble alors infini. On s’accorde un moment de détente près d’un ruisseau, on en profite pour se laver et remplir nos gourdes. Le soleil se couche sur le lac. On rejoint au galop le campement familial pour y passer la dernière nuit.
À Song-Kul, on rencontre Alyssa, 14 ans. Elle nous raconte qu’elle parle un peu de plusieurs langues et qu’elle aimerait pouvoir étudier. Mais elle doit aider sa famille pendant la saison des pâturages. Alors elle apprend le plus qu’elle peut au contact des touristes. Il est tard, on allait se coucher quand on entend un chien gémir dehors. Le frère, qui vient de terminer une bouteille de vodka, a tiré « pour s’amuser » à la carabine à plomb sur un des chiens qui nous avait accompagnés… Pendant qu’on essaie d’enlever le plomb coincé sous la peau du chien et de désinfecter sa plaie, Alyssa nous raconte que, malheureusement, ça arrive souvent. Ici les animaux n’ont pas la même valeur que chez nous.
Pour redescendre de la montagne, on embarque dans une ambulance soviétique de la seconde guerre mondiale, aménagée en minibus. C’est parti pour trois heures de piste à flan de falaise ou en bordure de torrent déchainé. Les 4 roues motrices nous sortent de tous les obstacles mais on s’accroche pour ne pas tomber de nos sièges. Les troupeaux de moutons et de chevaux que l’on croise en chemin nous offrent quelques moments d’accalmie.
Dans le marshrutka (taxi collectif) qui nous conduit à l’aéroport, au milieu des familles qui discutent joyeusement, on se dit qu’on est bien ici et qu’on aimerait rester, encore un peu, dans ce pays dont on connaissait à peine l’existence quelques mois auparavant.
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