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Prendre le large, au propre comme au figuré, c’est sans nul doute un adage qu’affectionne cet ancien éclaireur unioniste, partageant aujourd’hui son temps entre sa forge et son travail de marin sur des voiliers de luxe. Nous avons posé 3 questions à Ayack, qui en 2014, a embarqué à bord d’Infinity pour emprunter l’une des routes maritimes les plus délicates au monde, avec une bande de joyeux volontaires qui, pour la plupart, n’avaient que leur débrouillardise et leur enthousiasme pour pallier leur manque d’expérience. Une aventure racontée dans le documentaire Sea Gypsies : the far side of the world.
Comment as-tu atterri sur Infinity ?
J’ai fait de la voile toute ma vie le long des côtes de France. Et puis j’ai été éclaireur marin très longtemps. Quand je suis parti en tour du monde, nourri de littérature de voyage, j’avais comme objectif d’essayer d’éviter les moyens de transports classiques. J’ai par exemple embarqué dans un genre de bateau-stop depuis le Panama jusqu’à Tahiti puis Moorea. Le lendemain de mon anniversaire que j’avais passé à bord, un jour déprimant et pluvieux, c’est là que j’ai fait le rencontre d’une bande hétéroclite avec qui j’ai passé un moment d’anthologie. On a passé la soirée à se faire des peintures corporelles avec des fruits. Comme j’avais plus trop de rond et de l’expérience en voile, le capitaine m’a demandé de venir avec eux. Trop de volontaires n’avaient aucune expérience de la mer. C’était pour rendre service. Et pour info les autres n’ont payé que la moitié de ce qu’un voyage pareil demande, c’est une vrai aubaine de se porter volontaire pour une expédition sur Infinity…
Quel souvenir particulier serais-tu plus tard en mesure de radoter à tes futurs petits-enfants ?
Il y a un moment bien spécial, qu’il est difficile de transmettre et de traduire. Je me suis retrouvé dans un état extatique, à la barre d’Infinity, à surfer, à survoler les vagues, sans voile, à quelque chose comme 14 nœuds. Autant te dire que pour un bateau de 170 tonnes c’était extraordinaire. Il y avait une couche nuageuse, de gris, très peu de visibilité. On venait juste de quitter la tempête et assez soudainement les rayons du soleil ont percé les nuages. Le contraste entre la terre si noire et la glace si blanche était saisissant. J’avais le cœur qui tambourinait dans la poitrine et les larmes aux yeux. C’était un sentiment d’une beauté incroyable ; une épiphanie comme on dit. Oui c’est ça, une épiphanie. Dans un autre registre on a eu des galères monstres, comme la grande voile qui a explosé en deux et qu’il a fallu recoudre à la main avec une aiguille ridicule pendant 11 jours.
Qu’as-tu ressenti lors de votre arrivée en Antarctique ?
Ça a plutôt été un grand soulagement. On est arrivés par beau temps, au milieu des orques et des phoques. Les glaciers c’est vraiment la quintessence du mot immense, tu ne sais plus où donner de la tête. Après il fait tout le temps froid, il y a les engelures. Et les icebergs, ce sont des pièges mortels. Mais la peur ça sert à rien.
Le site de l’expédition en Antarctique
Photos & movie : Nicholas Edwards
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