De Kalaw au Lac Inle, Chloé Brunet vous embarque pour trois jours de périple à travers les montagnes de l’Etat Shan. Retour en images sur soixante kilomètres de pure poésie extérieure.
Ce trek, je l’attendais depuis le premier jour de notre voyage birman. À la fois avec excitation et appréhension. J’avais lu beaucoup d’articles à ce sujet – sur la difficulté du parcours, les paysages, les nuits chez l’habitant – sans réussir à me faire une idée précise de ce qu’allait être cette expérience. Et tant mieux : la surprise ne fut que plus belle.
La Birmanie est un véritable bijou pour tous ceux qui rêvent de paysages grandioses et d’authenticité. Et les férus de randonnées n’auront que l’embarras du choix grâce à toutes celles qui sont proposées dans différentes régions du pays.
Arrivés au petit matin par bus de nuit à Kalaw, nous nous mettons en quête d’un guide, obligatoire pour cette traversée des montagnes. Mes recherches auront au moins servi à une chose : foncer directement à l’agence Sam’s Family, conseillée par la majorité des personnes ayant effectué ce trek. C’est chez Sam que nous faisons la connaissance de notre guide Kalyar (prononcez Kaléa) qui fut parfaite pendant ces trois jours. Le groupe de six personnes au complet, nous voilà partis pour sept heures de marche à travers les vallées verdoyantes.
Les paysages que nous traversons sont tous aussi sublimes que variés. La terre ocre se mêle à merveille aux montagnes qui nous entourent, aux allures de jungle mystérieuse. Chaque point de vue est une peinture à part entière. J’ai envie de m’arrêter tous les dix mètres pour prendre des photos et me remémorer chaque lieu, chaque sentiment. Mais la route est encore longue, avant de rejoindre le premier village où nous passerons la nuit.
Le décor change rapidement. Nous nous retrouvons au milieu des rizières, où nous apercevons des femmes en plein travail. Kalyar nous explique que chaque ethnie a ses propres cultures, de piments, d’aubergines, de gingembre. Toute l’agriculture ici se fait à la main ou à l’aide des buffles qui aident à tirer les quelques engins en bois permettant de labourer la terre. Les couleurs qui s’offrent à nous sont irréelles.
Nous traversons un premier village et passons devant l’école. Les enfants sont, semble-t-il, en récréation. Je prends quelques photos pour leur montrer. Ils éclatent de rire en voyant leurs visages sur mon écran. Je ne sais pas pourquoi ce moment m’a autant marqué, mais j’en garde un souvenir encore bien net. J’ai rarement vu un groupe d’écoliers aussi heureux et rieurs, et je serais bien restée une heure de plus pour les observer.
La sensation d’être seuls dans ces vallées – mis à part les quelques agriculteurs que nous avons croisé – est juste dingue. Les treks sont organisés de sorte que chacun prenne un chemin différent, ce qui nous permet de vivre l’expérience pleinement. Je n’aurai jamais imaginé que marcher des heures durant dans un paysage vide de monde aurait pu être aussi apaisant. Sans faire passer ce périple pour une retraite spirituelle, c’est le bon moment pour réfléchir à soi, à ses envies et je m’étonne moi-même en écrivant ses mots, croyez-moi. Physiquement, ce fut un challenge de tous les instants. Sans entraînement, marcher aussi longtemps peut parfois s’avérer rude et c’est là que le mental prend le relai. Mais à l’arrivée, la fierté d’avoir parcouru tous ces kilomètres prend le dessus et tous nos efforts sont oubliés.
Découvrir les cultures agricoles de chaque ethnie et les splendides rizières, longer les rails du train local, goûter à la délicieuse nourriture birmane et être logés chez l’habitant dans de charmants villages perdus au milieu des montagnes, auront permis à cette expérience de rester un de nos plus beaux souvenirs de notre périple en Birmanie.
INSTAGRAM — Rejoignez la plus grande communauté de nouveaux aventuriers