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Au fil de sa carrière brillante de surfeuse, Justine Dupont a peu à peu évolué vers le surf de gros, fascinée par ces vagues gigantesques que peu de surfeurs parviennent à dompter. Sans faire de remous médiatiques, sans jamais se départir de son humilité et de ses valeurs, Justine s’est hissée au sommet du surf de gros féminin. Nous lui avons posé 3 questions pour comprendre sa discipline.
Première femme à surfer Belharra à la rame, cette gigantesque vague de Saint Jean de Luz, qui ne se réveille que quelques jours dans l’année, Justine Dupont a aussi surfé la plus grosse vague jamais surfée par une femme en Europe à Nazaré, il y a quelques jours. Elle nous fait partager un petit bout de son univers, ce corps à corps avec les vagues mythiques de la planète, cet amour immodéré pour l’océan.
Au début, les grosses vagues me faisaient peur et m’intriguaient en même temps. Peu à peu, j’ai eu envie de me confronter à cet univers, de repousser mes limites. J’ai rapidement aimé les sensations que cela procure mais aussi la relation avec les autres pratiquants. En surf de gros, l’atmosphère est très différente, il y beaucoup plus d’échange, de partage et d’entraide entre surfeurs.
On se sent tout petits face à la force des éléments. Et puis cette solidarité c’est aussi la sécurité. L’hiver dernier à Nazare, un surfeur a disparu : en moins de cinq minutes, tout le monde s’est mobilisé pour le retrouver et le secourir à temps. Et à l’inverse, quand un copain parvient à surfer une de ces énormes vagues, on est hyper heureux pour lui. Le côté exposé de la pratique soude les rangs ! Je me prépare énormément physiquement pour être toujours en pleine possession de mes moyens. Le surf de gros est très exigeant à tous points de vue et ça me plaît.
Oui, là bas, l’hiver, l’océan est monstrueux. Il n’y a plus de limites. C’est à toi de composer avec les tiennes … Les vagues sont impressionnantes, le bruit assourdissant, les embruns volent, c’est une ambiance très particulière ! J’adore ce village, et j’aime énormément le Portugal. Le spot est très varié, on peut aussi surfer aux alentours sur différents types de vagues. Ce dimanche 25 février, nous avons probablement eu une des plus belles houles de l’hiver sur ce spot.
L’orientation du vent était parfaite et la taille optimale pour relever le défi de prendre une très grosse vague à la seule force des bras. Après plusieurs sessions en tow in (surf tracté – un jet ski aide les surfers à s’élancer sur les grosses vagues ), qui sont déjà un challenge en soi, j’ai eu envie de tenter ma chance à la rame. L’atmosphère est différente, on se sent encore plus face à l’océan. Je peux dire que je suis vraiment sortie de ma zone de confort ! Réussir a été une immense satisfaction et les sensations indescriptibles.
La veille d’une session, je commence à m’immerger dans ma bulle en checkant tout mon matos. J’ai besoin de ce rituel, cela me permet de me rassurer en sachant que tout est prêt. Je reste assez centrée sur mes émotions, j’écoute et développe mes intuitions. Quand j’ai un feeling négatif, je ne me force pas y aller, je suis mon instinct. C’est quelque chose qui se développe avec l’expérience mais qui est primordial dans une discipline comme la mienne. J’arrive à différencier ce mauvais pressentiment d’une simple appréhension.
Quand j’ai peur, je me recentre sur le moment présent, sur ce que j’ai à faire, j’essaie d’être dans le contrôle. Le yoga m’aide et je lit aussi beaucoup de choses sur la préparation mentale. Et puis, quand je suis à l’eau, je reste ultra concentrée. J’ai la chance que mon copain, Fred David, fasse la sécurité en jet ski quand je surfe. Cela me donne plus de confiance car je sais qu’il tentera de me récupérer coûte que coûte, qu’il ira à l’extrême limite. Cela me rassure qu’il soit là, pouvoir partager, échanger avec lui est précieux pour moi.
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Images : Red Bull Content Pool
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