Quand l’hiver arrive, que les températures baissent et que la pluie s’installe, il peut sembler difficile de sortir en pleine nature. Pourtant, on vous l’a prouvé : il est tout à fait possible de partir à l’aventure les 52 week-ends de l’année !
S’il est un sport qui peut se pratiquer aussi bien l’hiver que l’été, c’est l’escalade. Et quel plus bel endroit que la Provence et ses calanques pour ça ? Entre Marseille et Cassis, le Parc national des Calanques compte des centaines de voies auxquelles se mesurer tout en profitant du soleil, du ciel bleu, des odeurs de garrigue et de cette douce ambiance méditerranéenne.
Alors après vous avoir donné tous nos conseils pour débuter l’escalade sur bloc à Fontainebleau et la cascade de glace à Gavarnie, on vous emmène dans le Sud avec ce guide complet pour un week-end de grimpe face à la mer.
Décembre, Paris, ciel gris ? Le meilleur moment de l’année pour descendre faire de l’escalade dans les Calanques ! Retrouver le doux climat provençal, oui oui, même un 10 décembre. Une belle occasion pour grimper ces voies mi-alpines, mi-marines, surplombant le cap Morgiou ou Port-Miou.
En effet, les Calanques regorgent de sites d’escalade sublimes, où l’on ne vient ni pour la croix ni pour l’exploit. On y grimpe pour soi, pour la beauté du lieu, la vue sur l’île de Riou, l’eau émeraude de la calanque d’En-Vau et ces vertigineuses faces calcaires qui s’élèvent les pieds dans la mer…
C’est décidé, on met cap au Sud avec une cordée de choc. Damien, qui découvre les Calanques (et la grande voie en escalade par la même occasion) et Baptiste, qui connaît bien les lieux pour y grimper depuis son plus jeune âge. Preuves à l’appui :
En Provence, les calanques sont d’anciennes vallées noyées. Ces criques étroites et escarpées offrent un paysage de hautes falaises blanches, ponctuées de végétation typiques et baignées d’une mer turquoise.
Les Calanques forment le premier parc national périurbain d’Europe, terrestre et marin. Créé en 2012, il s’étend sur un massif littoral fait de falaises calcaires, de criques et d’îlots. Le point culminant du parc est le mont Carpiagne (645 m). Ses crêtes offrent un point de vue exceptionnel sur le belle ville de Marseille. Elles sont à découvrir au détour d’une des innombrables randonnées possibles dans la région.
Les Calanques constituent des écosystèmes préservés, refuges de plus de 140 espèces végétales et animales protégées, comme l’Aigle de Bonelli ou le Hibou grand-duc. On peut aussi y observer les plus grandes espèces de chauve-souris et de lézard d’Europe ! Sans oublier les fonds marins exceptionnels, où cohabitent corail, gorgone, tortues, dauphins, oursins…
Car si c’est l’escalade qui nous attire cette fois-ci, les Calanques sont aussi reconnues pour leurs nombreux spots de plongée sous-marine avec de nombreuses épaves, fouillées par le commandant Cousteau, ainsi que des cavités inscrites aux monuments historiques comme la célèbre grotte Cosquer et ses fresques paléolithiques. Découverte en 1985, elle se situe au bout d’un boyau de 175 mètres, dont l’entrée se trouve aujourd’hui à 37 mètres au-dessous du niveau actuel de la mer…
« C’est dans la proximité de la mer que réside le caractère le plus étrange et le plus prenant des Calanques : non seulement pour la splendeur des paysages, mais aussi pour cette tentation éternelle des espaces marins. » Gaston Rebuffat
Depuis la première ascension de la Grande Candelle en 1876 par Francis W. Mark, vice-consul britannique à Marseille, les Calanques ont donné naissance à des générations de grimpeurs et alpinistes de renommée mondiale : Georges Livanos, Gaston Rébuffat — présent lors de la première ascension de l’Annapurna en 1950 au côté de Maurice Herzog et Louis Lachenal — puis Ricardo Cassin et Nanette Raybaud, première championne du monde d’escalade en 1980, pour ne citer qu’eux.
Avec près de 5 000 voies disséminées sur 25 kilomètres de côte entre Marseille, Cassis et La Ciotat, on peut y pratiquer tout type d’escalade : grande voies, couennes, psychobloc, avec une grande variété de cotations du 4 au 8, et même une petite poignée de voie dans le 9ème degré. Les Calanques proposent une escalade technique plus que physique, “sur les pieds” et par moment aérienne. La plupart de ces voies ont été ré-équipées mais l’espacement entre les points en grande voie et terrain d’aventure peut parfois surprendre.
Ici, vous ne trouverez pas le nouveau secteur à la mode, ni les cotations du futur. On y grimpe à l’ancienne. Une escalade tout en finesse et un style idéal pour travailler technique et positionnement après de longs mois passés à bourriner dans les salles citadines !
L’escalade dans le massif est réglementée afin de protéger cet espace naturel et, notamment, la nidification des oiseaux. Pour concilier passion pour la grimpe et respect de la faune et la flore du parc, n’hésitez pas consulter la page officielle du parc ainsi que la carte des secteurs et voies d’escalade temporairement fermés.
Et parce qu’il est toujours bon de rappeler quelques règles :
Si vous débutez l’escalade et que vous souhaitez découvrir les plus belles voies des Calanques en toute sécurité, nous vous conseillons de faire appel à un guide local (n’hésitez pas à demander conseils et partager les vôtres dans notre groupe : Fresh Air Club.)
Un des nombreux avantages des Calanques : leur accessibilité.
On vous conseille de venir en train, comme nous (TGV depuis Paris, en à peine plus de 3h). La gare Saint-Charles, située en plein cœur de Marseille, est desservie par le TGV Paris-Lyon-Marseille. Cassis et La Ciotat sont aussi accessibles en train au départ de Marseille Saint-Charles ou d’Aubagne en TER.
Une fois sur place, la circulation vers les principales portes d’entrée du Parc (côté Cassis ou Marseille pour pratiquer l’escalade) peut se faire aussi bien en voiture qu’en transports en commun ou à vélo, pour profiter au maximum de cet environnement exceptionnel. Avec tout le matos de grimpe, il faut bien avouer qu’un véhicule est un bel avantage, mais n’oubliez pas que l’accès motorisé aux calanques est aussi réglementé, surtout entre printemps et été. Les règles évoluent chaque année, n’oubliez pas de vous renseigner.
On peut grimper dans les Calanques toute l’année ! Tout dépend du type d’escalade que vous souhaitez pratiquer.
Pour le psychobloc, préférez l’été, quand la température de la mer monte. Si vous êtes plutôt falaise et grande voie, nous vous conseillons vivement de venir grimper entre l’automne et le printemps, et plus précisément de novembre à février. Les températures sont plus adaptées à l’escalade, la roche colle bien mieux qu’en plein cagnard, et le soleil, bas sur l’horizon nous caresse de ses rayons jusqu’au soir. Sans compter que vous aurez le parc pour vous…
À cause des risques d’incendie et des problèmes liés à la surfréquentation. Certaines zones des Calanques sont règlementées pendant une période de l’année pour préserver les sites sensibles. En fonction des conditions météo (sécheresse, précipitations passées, vitesse du vent, hygrométrie) le niveau de danger « feu de forêt » (Orange – Rouge – Noir) est déterminé chaque jour, au plus tard à 18h, pour le lendemain. Renseignez-vous en amont sur le site dédié. Les « journées rouges » (quand le mistral souffle, en général) toute présence humaine est interdite dans le massif.
De notre côté, on souhaitait faire de la grande voie. À la différence de la falaise ou de l’escalade en couenne, la grande voie demande d’enchaîner les longueurs sans redescendre au sol entre chacune d’entre-elles, ce qui signifie plus de matériel à porter, plus de manoeuvre de corde aux nombreux relais et des descentes en rappel pour finir en beauté.
Avec seulement 2 jours et demi devant nous, on a choisi une grande voie au départ de Marseille (au-dessus de la calanque de Morgiou) et une autre au départ de Cassis (dans la calanque d’En-Vau). Et comme il nous restait quelques heures supplémentaires avant de reprendre le train, on a même pu s’offrir quelques couennes à Port-Miou le dernier jour.
Pour cette première journée, on file vers le Crêt St Michel, une paroi de 90-100 mètres, soit 3 ou 4 longueurs, et plus précisément le secteur de la Paroi Noire. La vue est magnifique sur toute la Calanque de Morgiou et son son petit village de pêcheur en contrebas.
Notre choix s’est porté sur “Les Mordus”, une belle ligne en plein milieu de cette jolie face grise. Ouverte par Lebatard, Lepage et Vaucher en 1960, cette voie est un classique du coin. Une longueur assez directe qui propose une escalade soutenue, surtout dans la première longueur, avec quelques sections techniques nécessitant une bonne lecture.
4 longueurs d’une belle variété. On alterne entre dalle raide, petite fissure et dévers. Tout en posant les pieds sur ces petites prises que les grimpeurs locaux appellent « gouttes d’eau » pour la forme qu’elles dessinent dans le calcaire.
Bien que ce soit la première du week-end, on sort la voie assez facilement. Une bonne « chauffe », dirons-nous ! Le temps de tirer 2 beaux rappels de 40 mètres, à gauche de la falaise dans la voie Complexe d’Icare, et nous voilà déjà en route pour Cassis alors que le soleil décline à l’horizon.
Une journée plutôt courte mais qui nous met en appétit pour la suite et nous donne déjà un bel aperçu du terrain de jeu exceptionnel des Calanques. Un bon plat de poisson frais à la Vieille Auberge, sur le port de Cassis, et on file se coucher. Demain direction En-Vau !
Note : il est possible de descendre à pieds par l’arrière de la falaise et de retrouver le chemin d’aller via un petit sentier marqué par quelques cairns, mais on vous conseille la descente en rappel. C’est plus sympa et, surtout, ça permet de limiter les piétinement et éboulis nocifs pour l’environnement.
On part aux aurores pour capturer quelques clichés du lever de soleil tout au long de la marche d’approche jusqu’à En-Vau. Depuis Cassis, on passe notamment par les calanques de Port-Miou et Port-Pin, qui se réveillent paisiblement.
En-Vau est surnommée “la perle de Calanques”. On comprend vite pourquoi. Ses belles parois minérales contrastent avec une mer bleue turquoise. Un cadre idyllique. Seul inconvénient : la fréquentation importante, entre grimpeurs, randonneurs, baigneurs et kayakistes. Mais en ce 8 décembre, nous sommes seuls au monde…
À En-Vau, il y en a pour tous les goûts. Voies courtes, grandes voies équipées, voies en terrain d’aventure. On se dirige vers le secteur des Américains, nom donné en hommage aux légendes Royal Robbins, John Arlin et Gary Hemming qui y ont ouvert quelques voies au début des années 1960, dont la jolie traversée Hemming.
La Directe de la Calanque, ouverte en 1958. Depuis la plage, il suffit de prendre à main droite en longeant la mer sur les rochers jusqu’au pied d’un couloir raide et broussailleux. On cale nos sacs derrière un arbuste, on s’équipe, puis on remonte le couloir jusqu’à une vire où il faut encore traverser à gauche pour atteindre le départ de la voie. Attention, le passage est étroit, à une vingtaine de mètres au-dessus de l’eau. L’encordement est vivement conseillé ! La L1 démarre au niveau d’un dièdre.
Dans cette première longueur, on se croirait plus à Chamonix que chez Pagnol ! On grimpe en écart, les pieds de part et d’autre de ce joli dièdre. Vient la seconde longueur, ou plutôt LA longueur. Un 6a+ d’une trentaine de mètre dans un mur vertical — voire semi-déversant par moment — truffé de petites fissures. Sublime ! En comparaison, la dernière longueur apparait moins excitante avec son 4c et 2 points sur 25 mètres. Mais quelle vue magique, on ne s’en lasse pas !
La descente s’effectue depuis le Plateau de Castelveil, d’où l’on rejoint en 10 minutes un rappel de 20 mètres au niveau du Trou à Canon avant de retrouver la plage, par l’arrière de la calanque.
La cotation “Calanques” peut surprendre ! Même en se baladant dans les 6c à la salle, on peut se prendre un but dans les 6a de En-Vau…
Si la plupart des secteurs des Calanques nécessitent au moins 30 minutes de marche d’approche, la falaise de Port-Miou est accessible en 10 minutes depuis le parking de la calanque éponyme. Pratique quand vous n’avez qu’une demi-journée devant vous ou un train à prendre à 15h00, comme nous !
L’occasion rêver de s’offrir une petite sortie supplémentaire, histoire de profiter au maximum de ce week-end de grimpe. C’est parti pour 3 longueurs, dont la plupart ont été équipées au début des années 1990, avec des cotations oscillant du 5 au 7, et des voies d’une trentaine de mètres. Parfait pour s’initier à la grimpe en tête.
Notre escapade prend fin ici, dans cet écrin de calcaire. Le paysage, l’odeur des pins, le bleu du ciel et de la mer, le soleil sur la peau… De quoi recharger les batteries, avant de retrouver l’hiver parisien. Mais en partant, on réalise que le GR 98, qui parcourt les calanques marseillaises en six à huit heures de marche, passe par ici. Encore une bonne raison de revenir en Provence !
De notre côté, on a choisi de loger à Cassis, ce qui nous a permis de partir directement à pied vers En-Vau le deuxième jour — un vrai confort — et de profiter de l’ambiance de cette jolie petite ville et de son port.
Hors-saison, vous trouverez facilement des auberges de jeunesse, chambres d’hôtes ou locations, que ce soit à Marseille, Cassis, Aubagne, Gémenos ou Roquevaire. Mais en été, réservez bien en avance.
Le bivouac, le camping et le caravaning sont strictement interdits dans le cœur du Parc national afin de préserver la beauté des sites, d’éviter les pollutions et de se prémunir contre le risque d’incendie. Renseignez-vous toujours sur la réglementation, que ce soit dans les Calanques ou partout en France
Pour grimper en grande voie dans le Parc national des Calanques le temps d’un week-end, voici le matériel de base :
Photos : Damien Bettinelli
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