Embarquez pour une journée avec Louis Garnier et Florian Ledoux au Groenland.
Je me réveille.
Je suis seul dans la tente. Florian est sans doute déjà parti chasser quelques images avec son appareil photo. Quelle heure est-il ? Le jour perpétuel dans ce Grand Nord à l’été rend cette question difficile. Il en est de même pour la date exacte.
Regarder le Monde, voir au-delà des murs, rechercher la beauté naturelle et un certain goût de l’aventure… c’est ce qui nous a poussé en ce début de juillet vers le Groenland. Ce Groenland dont les couleurs ne cessent de nous enchanter chaque jour.
Je m’extirpe du cocon douillet que m’offre mon duvet pour sortir de la tente. Je redécouvre alors ce paysage à couper le souffle, comme si je le voyais pour la première fois. Ce même point de vue pour lequel nous avons décidé d’installer le bivouac à cet endroit. Sur ce sommet, où l’on se sent tout petit et Dieu à la fois. Au cours de ce voyage, je ne possède que ce que je suis capable de porter. Et pourtant, en cet instant, j’ai l’impression d’être le maître d’un domaine qui dépasse ma vision. Ces montagnes, ces fjords, ces cours d’eau sont mon royaume. Le royaume d’un jour seulement. Car je sais que dès que mes compagnons seront rentrés, nous reprendrons la route vers une destination encore inconnue.
Sentant mon ventre qui réclame, j’attrape dans mon sac quelques biscuits dont je me délecte un par un, comme si ils avaient un goût magique. Chaque jour au contact de la Nature, j’apprécie de plus en plus ces plaisirs simples du quotidien. Ce retour à l’essentiel !
Se lever, souffler sur les braises pour raviver le feu du matin, faire chauffer son thé, lancer une time-lapse photo, chercher du bois, guetter la météo, trouver le prochain passage de la rivière à traverser… Autant d’actions élémentaires dont nous avons considérablement oublié le sens et qui nous manquent déjà dès notre retour. J’aime ces moments de solitude qui commence la journée. Où j’ai l’impression d’être en lien privilégié avec mon environnement. Cet instant de recueillement, comme une méditation sourde, avant de repartir.
Quelques minutes seulement aurons suffit pour refaire nos sacs. L’emplacement de notre bivouac se fond déjà dans le paysage. Nous ne voulons laisser aucune trace de notre passage. Pour ne pas altérer la pureté du décor. Et quel décor ! Au cours de nos marches, nous en découvrons à chaque pas un nouveau visage.
Une terre belle et sauvage, préservée dans son écrin originel. Il est possible de marcher plusieurs jours sans croiser une seule trace d’activité humaine : routes, poteaux électriques, avions… Ici, tout ça n’existe pas. Un territoire où la Nature règne. Que nous traversons moins comme des conquérant que comme des pèlerins respectueux. Je me crois sur une autre planète, tellement le sentiment d’être le premier à se trouver en ces lieux est fort.
Ces paysages imposant et hostiles détiennent une beauté singulière. Des collines verdoyantes viennent côtoyer la glace, offrant de riches contrastes. Sur l’océan, les icebergs colossaux dominent des étendues de banquise, que la marée vient rompre ici ou là. Le tout surplombé par des montagnes aussi vertigineuses que majestueuses.
La marche, l’effort, l’inconnu, les sentiers à tracer et les chemins à faire sans défaire ce que la nature y a mis, c’est cet élan qui nous pousse à faire le pas suivant. Cette ressource au fond de soi qu’il nous faut exploiter. Parce que nous savons que ce que nous découvrons de nous, et autour de nous, vaut la peine d’être vu et atteint. Dans cet accomplissement, la vie nous révèle toutes ses saveurs.
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