De la route, des treks et des paysages à couper le souffle, c’est ça, la Colombie Britannique.
5h30, le réveil sonne.
Depuis le début de notre voyage nous sommes habitués aux horaires matinaux, mais ayant profité de notre dernière nuit « civilisée » à Vancouver, le réveil est plus compliqué. La tête dans le brouillard, nous quittons notre auberge en centre-ville et regagnons notre voiture.
Nous avons jeté un dernier coup d’œil à la route que nous devons parcourir aujourd’hui, nous le savons, l’étape va être longue avant de pouvoir bivouaquer ce soir.
La route est déserte à cette heure-ci et nous atteignons Whistler en moins de deux heures. Nous nous arrêtons de temps à autre pour profiter des couleurs de l’aube et profitons de ce village pour faire des provisions pour les trois jours qui arrivent. Dernier élément indispensable, des pastilles pour purifier l’eau. Il est impossible de transporter toute l’eau nécessaire à ce trek, nous devrons nous ravitailler en cours de route dans les rivières.
Avant de prévoir cette excursion dans les South Chilcotin, nous avons cherché un maximum d’informations sur le meilleur moyen de rejoindre la région. Notre carte, bien que détaillée, ne fait pas la différence entre les petites routes goudronnées et les simples pistes. Quant à Google map, il semble vouloir nous faire passer par une route relativement directe. À Whistler, personne n’est en mesure de nous renseigner sur l’état des routes pour atteindre le départ de notre excursion.
Nous continuons jusqu’à Pemberton, là où le chemin nous offre deux solutions. Notre sort est rapidement fixé lorsque l’office de tourisme nous précise qu’avec notre voiture, nous n’arriverons jamais à passer par la route directe… Premier obstacle. Nous allons devoir faire un large détour et monter jusqu’à Lillooet, à 130 kilomètres au nord de Whistler. Nous n’avons pas tout perdu au change, la route est magnifique et nous marquons à nouveau quelques pauses pour immortaliser ces moments.
Nous quittons ensuite la route principale en direction de Gold Bridge, à deux heures d’ici. La route bien que goudronnée par endroit est assez mauvaise et les chutes de pierres y sont nombreuses. Un engin de chantier fait-même des aller-retours afin de déblayer les roches. Gold bridge, ancien village de chercheurs d’or, ne compte plus que 40 habitants depuis la fermeture de la mine en 1970. Nous pouvons néanmoins y trouver une carte très détaillée des South Chilcotin et quelques vivres supplémentaires.
Enfin, nous arrivons au départ du trek. À cause de notre détour, nous avons déjà perdu beaucoup de temps et il est déjà 16 heures. Nous devons nous organiser pour être le plus léger possible. J’embarque mon boitier avec un seul objectif, je suis déjà à 2 kg. Avec le reste du matériel, nos sacs ne tardent pas à atteindre entre 12 et 15 kg.
C’est parti ! Nous entamons la montée à travers des paysages fleuris en pressant le pas, pour ne pas se faire surprendre par la nuit. L’obscurité est en train de tomber lorsque nous arrivons à Spruce Lake. Nous décidons de ne pas faire de halte au début du lac, mais à l’autre extrémité. Autant de chemin en moins à parcourir demain. Quelques personnes sont présentes sur le campement. Après s’être installé, nous dinons autour du feu. Le temps clair nous permet de faire quelques clichés au crépuscule.
Nous sommes intrigués par un des seuls groupes présent non loin de nous. Les types sont en train de se baigner dans le lac alors que l’eau ne doit pas dépasser les 10 degrés. Nous comprenons qu’ils ont réussi à construire un « sauna » de fortune, après avoir laissé des pierres dans le feu depuis des heures. À l’aide de quelques bâches tendues entre des arbres rapprochés, ils ont confectionné un abri relativement hermétique. En plaçant les pierres brulantes sur le sol au milieu et en les arrosant de temps à autres, leur mécanisme semble fonctionner à merveille !
Le lendemain matin, c’est le son d’un avion qui nous tire du sommeil. Un hydravion vient d’amerrir et regagne un ponton pour y déposer ses 4 passagers, équipés de VTT !
Nous laissons notre campement et partons pour une boucle sur la journée. Notre destination, le mont Sheba. La route sur la carte semble courte, 13 km aller-retour, mais le dénivelé assez important. Nous atteignons notre première étape, le mont Open Heart. À partir de là, ça se complique. Le temps est couvert et un fin crachin commence à tomber. Nous ne tardons pas à nous apercevoir que le chemin, relativement visible jusqu’à maintenant, l’est beaucoup moins dans les pierres à flanc de montagne. La neige, encore présente fin juin, ralentit fortement notre progression.
Au loin, le mont Sheba est totalement dans la brume. Notre projet semble compromis. Une heure plus tard, nous constatons que la route est bloquée par une accumulation de neige. Il nous faudrait escalader mais nous ne disposons pas de l’équipement nécessaire pour faire face sereinement aux parois abruptes qui se dressent devant nous. Nous décidons finalement de prendre une autre direction et d’escalader un pierrier. La fatigue est présente et il nous faut plus d’une heure pour terminer notre ascension qui ne devait guère dépasser les 600 mètres. Nous le savions dès le départ, le pierrier consomme une énergie folle, car notre poids nous fait reculer à chaque pas.
Ce sommet un peu moins haut que le mont Sheba nous offre néanmoins une vue imprenable sur toute la chaîne de montagnes aux alentours, et ses nombreuses vallées. Nous regagnons ensuite le campement en descendant de l’autre côté de la crête. Cette fois-ci, le camp est totalement désert, nous n’avons d’ailleurs croisé absolument personne de toute la journée. Vers 22h30 nous tombons de fatigue.
Le lendemain, c’est naturellement que nous émergeons vers 6h. Après avoir plié le campement, nous reprenons la route vers la voiture, en croisant de nombreuses biches. Soudain, Charles me fait signe de ne plus faire de bruit. Romain, en tête du cortège, vient d’apercevoir un ours à moins de 50 mètres de nous. Je saisis le bear spray sur une des poches latérale de mon sac. Mais l’ours s’éloigne de lui-même dans la forêt, sans probablement nous avoir remarqué. Sur les kilomètres restants, nous restons sur nos gardes et réduisons la distance entre nous.
Nous voilà revenus sur le parking, point final de cette excursion de trois jours.
Sébastien MAS
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