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Revivez l’interview d’Alex Strohl au Fresh Air Festival 2017 !
Lors du premier Fresh Air Festival, on accueillait le photographe Alex Strohl, précurseur de la tendance outdoor et véritable mythe sur Instagram, avec lequel on a collaboré sur différents volumes papier. L’occasion d’en savoir plus sur son parcours, son travail et sa manière de trouver l’inspiration dans la nature. Emilie du blog Songes Funambules en a retranscrit la première partie de cette rencontre rendue possible par Icebreaker, partenaire de l’événement. De quoi se faire une petite séance de rattrapage en attendant la nouvelle édition du Fresh Air Festival !
Les Others : Selon toi, quelles sont les qualités requises pour pratiquer le métier de photographe ?
Alex Strohl : Premièrement, la persévérance. Il faut persévérer avec tout, tout questionner, ne pas accepter qu’on dise non. Ensuite, je pense qu’il faut être vraiment curieux. Depuis toujours j’ai vraiment tout questionné. Même questionné l’autorité, c’est pour ça qu’on n’a pas trop voulu de moi au lycée, je demandais vraiment « pourquoi » pour tout, tout le temps… C’est vraiment agaçant pour les adultes. Mais même maintenant j’aime bien tout questionner, et finalement, en étant curieux on en apprend beaucoup sur les gens. Et plus on en sait sur les gens, sur les choses, plus vite on peut rebondir et avoir de nouvelles idées. La curiosité aide vraiment.
Il y a aussi l’amabilité – C’est quelque chose que j’ai appris plus tard. Je n’étais pas très aimable, d’ailleurs je travaille encore ! J’ai toujours eu des problèmes avec l’autorité… Et il y a 5 ans, j’ai pris la décision de vouloir être quelqu’un qu’on invite à dîner ! C’est vraiment important quand on a une conversation avec quelqu’un, et qu’en sortant de cette conversation, on se demande « est-ce que cette personne se sent mieux qu’avant ? Ou moins bien qu’avant ? Ou juste neutre ? » Quand on travaille sur soi on a souvent tendance à vouloir tirer trop de choses des autres, pour se sentir mieux soi même finalement. C’est un peu philosophique, mais c’est mon point de vue. L’amabilité je dirais, et le sourire. Sourire aux gens…
La naissance de la photographie chez toi s’est passée au moment où tu es arrivé au Québec ? Est-ce que le fait d’aller vivre là-bas a été un déclic ?
J’ai commencé à faire de la photo en Ardèche. J’étais en internat et il n’y avait pas grand chose à faire les weekends… Donc je faisais de la moto dans la forêt. Puis à force, ça devenait un peu répétitif. J’ai emprunté l’appareil photo de mon père, un petit numérique. C’est vraiment en Ardèche que ça a commencé. Après je faisais des photos de ski, dans les Alpes, pour des amis qui faisaient du freestyle… Ensuite, c’est au Québec que c’est devenu plus sérieux. Surtout que j’en avais un peu marre d’être en France, je trouvais ça petit, à l’époque ! J’avais besoin de plus d’aventures. Puis le climat là-bas, l’hiver beaucoup plus long… Tout ça était de l’inspiration pour moi.
Quand tu es arrivé au Québec, est-ce que tu t’es dit « Je vais faire de la photo » ?
Je suis venu pour mes études. J’ai dit à mes parent « Je veux aller à New York ! » Et ils m’ont dit « C’est trop cher ! » Donc j’ai été au Québec. Et finalement c’est une bonne chose, parce que j’aurais peut-être fait complètement autre chose. Pour en revenir à la question, donc, je ne savais pas.
À quel moment as-tu senti la transition et le fait de vouloir faire de la photographie ton métier ?
Je voulais être directeur artistique à l’époque. J’avais vu 99 Francs et comme beaucoup de gens je me disais « Je veux faire comme eux ! » Et donc à l’université là-bas, c’est incroyable parce qu’on peut on louer du matériel, des appareils photos… Donc j’étais devenu photographe professionnel sans le savoir, au niveau du matériel en tout cas, pas au niveau des compétences. Je louais du matos et j’allais démarcher des petits commerçants pour faire des photos de leurs magasins, je faisais un peu tout et n’importe quoi. Et quand des gens me payaient je me disais, OK, ça peut devenir quelque chose ! C’est là que j’ai senti que ça avait un avenir. Parce que j’avais fait quelques petits jobs de design graphique en 2008 et je trouvais que mes clients en design savaient vraiment ce qu’ils voulaient. Ils ont toujours un petit neveu, qui a un ordi, qui fait des dessins… Donc ils ne voulaient pas vraiment de mon expertise. Alors qu’en photo c’est vraiment comme aller chez le mécanicien ! C’est-à-dire tu fais la photo, tu répares la voiture… Je ne sais pas ce qui se passe mais je le fais ! Je prenais beaucoup plus de libertés en photo.
Et tu as quand même terminé tes études ?
Non !
L’école n’était donc pas ton truc.
L’autorité ! C’est aussi pour ça que je suis freelance. Même si on a toujours des patrons, quoiqu’on fasse. Mais c’est un secret, je n’ai jamais dit à personne que je n’avais pas fini mes études ! Ma mère ne serait pas contente.
Depuis ce temps là, de l’eau a coulé sous les ponts. Aujourd’hui on est capable d’un coup d’oeil de repérer une photo d’Alex Strohl, avec la patte d’Alex Strohl. Comment tu définirais ton style ? Comment tu décrirais ton univers ?
Je suis quelqu’un d’assez solitaire, j’aime bien me promener tout seul dans la nature, même si je suis un peu en contradiction car j’aime bien aussi aller dans la nature en étant entouré. Mais j’aime quand même montrer des gens sur mes images qui sont tout seuls. On voit beaucoup ça, je n’ai rien inventé, mais cette idée d’avoir des gens qui sont un peu dominés par le paysage immense, c’est vraiment quelque chose qui m’a toujours attiré. Parce que ça reflétait un peu ce que je faisais… Je me promenais tout seul sur ma moto, ou tout seul dans la montagne. Je n’ai jamais fait d’autoportrait, donc j’emmenais quelqu’un avec moi. Donc c’est une des choses. D’autre part, j’aime aussi l’eau. Quand j’étais petit, mon père, qui est ingénieur des eaux et forêts, avait un livre qui s’appelait « L’eau c’est la vie ». Il m’a donné ce livre et ça m’a beaucoup marqué. Ça expliquait le fonctionnement de la météo, des nuages… L’eau a toujours été quelque chose de très important. Puis la mer, et surtout les lacs de montagne. C’est difficile de parler de son propre travail mais je dirai que c’est ça qui me définit le plus finalement. Tout ce qui est dans les éléments, dans la forêt, dans la montagne, et l’individu seul.
Pour en revenir un peu sur les plateformes que tu utilises, on sait qu’Instagram est ta plateforme privilégiée, tu es un peu devenu un maître en la matière avec tes 2 millions de followers. Avais-tu tout de suite identifié la plateforme comme un tremplin ? Pour un jeune photographe comme toi qui souhaitait devenir professionnel, sans forcément passer par les cases classiques ?
C’était vraiment innocent en fait. A l’époque Instagram était sorti en 2011, j’étais au Québec, on avait une vieille Volvo, on se promenait dans la ville, dans les quartiers un peu huppés et je cherchais des maisons un peu art déco, avec des belles voitures dehors, des vieilles Mustang, des choses qu’on ne voyait pas trop en France, ça a commencé comme ça ! Mon but était juste de faire une photo par jour, et de la mettre dessus. Donc c’était facile, j’étais en ville, je me promenais, je faisais des photos. Mais je n’ai jamais eu cette idée de « Ça va être un outil pour me permettre de faire ci ou ça ». Ça apporte une certaine crédibilité qu’on le veuille ou pas. Pour tout le monde qui utilise Instagram, ce réseau social est un peu comme un tremplin pour son travail en fait, comme une grande affiche publicitaire, qui est gratuite.
Depuis que tu es sur Instagram et que ta base de fans augmente, des centaines et des centaines voire des milliers de personnes s’inspirent de ton style, soit en amateur soit en professionnel. Qu’est-ce que cela veut dire pour toi et pour ta photographie ? As-tu l’impression de devoir toujours faire évoluer ton style ?
On a toujours un peu la pression. Parce que là, je sais pas combien on est dans cette pièce, mais on imagine ça multiplié par je ne sais pas combien de fois et ça fait peur (rires). Avant de mettre une photo, on se dit : est-ce que c’est bien ou pas ? On a des doutes tout le temps, la remise en question est vraiment quelque chose de constant, tous les jours. C’est un peu usant mais c’est nécessaire, et finalement c’est ce qui permet d’avancer. Donc même si il faut toujours rester humble, je pense que l’on a une responsabilité de faire évoluer tout ça. D’un point de vue artistique oui, on veut toujours faire évoluer cela. Ça passe par beaucoup de réflexions, les gens sur internet et même partout d’ailleurs, sont contraires aux changements. Dès qu’on essaie de faire des choses un peu nouvelles… Il faut arriver à passer au-delà de voir combien de likes on a eu ou pas et continuer à essayer. Ce qui n’est pas toujours facile.
Tout à l’heure tu parlais des commerçants qui avaient souvent un petit cousin graphiste, etc… Aujourd’hui c’est plutôt tout le monde a un petit cousin photographe, et du coup pour les photographes qui essaient d’en vivre, ça a vraiment bouleversé le métier. Qu’est ce que tu penses de l’impact sur la photographie en général ? Qu’est ce que tu penses de l’avenir de ces réseaux et de l’avenir de la photo justement via cette surabondance de contenus et du fait que tout le monde puisse reproduire le style de tout le monde ?
Je pense que ça tire tout le monde vers le haut. J’ai souvent des interactions avec des photographes plus traditionnels. C’était surtout avant, maintenant je pense que l’on est au-delà de ça. Je travaillais dans un journal à une époque, et il y avait des anciens qui se plaignaient des jeunes avec leur téléphone qui leur prenaient leur travail ! Je comprends les deux côtés, ça peut être énervant, mais on vit dans un monde en constante évolution, et il faut s’adapter… C’est comme ça !
Comment fais-tu aujourd’hui pour arriver à rester créatif ? Pour ne pas toujours offrir aux gens ce qu’ils veulent, pour combler leurs attentes sans tomber dans la facilité ?
Je ne pense pas avoir la solution mais je pense qu’il est important de prendre des pauses, et juste jouer avec ses copains. Juste ne rien faire parfois ! Ne pas aller faire des photos tout le temps. C’est important de poser l’appareil photo et de penser à vos expériences. En tout cas pour moi c’est vraiment ça. C’est un équilibre en fait ! Mais je pense que d’aller faire des choses avec ses amis et oublier un peu ça pendant une semaine, ça peut être bénéfique.
Pour ce qui est de sortir des sentiers battus, c’est un challenge encore plus gros de raconter des choses très personnelles, et de les rendre intéressantes pour des millions de personnes. C’est ça le défi et c’est ça que j’aimerai essayer de faire. Donc je pense que c’est bien d’avoir de l’ambition de vouloir être intéressant pour tous ces gens là.
Tu n’as pas des petites anecdotes à nous raconter sur les galères que t’as pu avoir ? On s’imagine très difficilement en regardant ton feed la difficulté que ça peut être d’être tout le temps en vadrouille, d’obtenir la photo parfaite…
Je dirais simplement que pour chaque photo, il y a plusieurs heures de recherches, plusieurs jours parfois, et il y a aussi 30% du temps où on fait des photos, 70% où on est en train de répondre à des mails, on fait du marketing, on gère ses employés, on livre des images, on met des kayaks sur les toits des voitures… Il y a beaucoup de technicités au-delà de l’image. Les gens pensent qu’on est dans un avion, qu’on va d’un endroit à l’autre tout le temps, mais ce n’est pas si simple. D’ailleurs, les photographes qui sont le plus talentueux, ce sont les gens les plus bosseurs que je connaisse. C’est des journées de 16h tous les jours, 7j/7, c’est difficile pour avoir une famille aussi. C’est un autre équilibre. L’équilibre du travail… C’est un autre sujet mais il y a effectivement beaucoup d’heures de travail. Et pas forcément du travail créatif. Parfois, c’est juste avoir un permis pour avoir le droit de faire une photo là-bas, où il faut remplir un formulaire, ça prend 3h… Mais globalement, on n’est pas à plaindre.
Au-delà d’Instagram, tu as publié un livre en 2015 qui s’appelle Alternative Living. Est-ce que tu peux nous raconter la démarche autour du livre, et de l’univers que tu as voulu montrer ?
En fait, avec Alternative Living, l’idée était de creuser plus loin et d’aller rencontrer des gens qui avaient pris la décision d’habiter dans la montagne, dans un endroit vraiment perdu ! Un peu comme mes parents finalement. L’inspiration est un peu venue d’eux, qui sont vraiment au fin fond de l’Ardèche, au fond d’une route sans nom… L’idée était de suivre ces gens là, de faire un itinéraire depuis la France jusqu’à la Norvège, sur 3/4 mois. Et de vivre finalement comme les gens qu’on allait rencontrer. C’est à dire, on campait, on était vraiment à l’extérieur tout le temps, on avait pas pris beaucoup d’hôtels… Et ce n’était pas facile !
L’idée du livre, au delà de cet aspect rencontre, c’était « comment est-ce qu’on trouve ces gens-là ? » Comment est-ce qu’on trouve quelqu’un qui habite au milieu de nulle part, qui n’existe pas sur internet ? Internet est pratique pour faire de la recherche mais parfois on va chercher des gens qui n’existent pas… On mettait vraiment des heures, on prenait des routes au hasard, on montait, on regardait la carte, on disait : « Ah on dirait qu’il y a quelque chose là-bas » ! On va voir, puis parfois on tombait sur des gens sympas. On passait une journée ou deux avec eux, on discutait. Avoir un format entrevue, pour avoir quelque à raconter avec l’image. Puis au fur et à mesure on s’est rendus compte que, on vivait ce voyage comme notre propre alternative living, et on a décidé d’inclure quelques images de notre voyage aussi dedans. Parce que finalement, on a ressenti beaucoup de choses en commun avec les gens qu’on rencontrait, avec qui on discutait… Pourquoi les gens décidaient d’habiter au milieu de nulle part ? On voulait rencontrer des gens qui avaient pris la décision. Pas juste des gens qui sont nés là-bas, mais qui ont vraiment pris la décision de partir. C’était vraiment intéressant de connaître les motifs. Puis ça nous a inspiré aussi de déménager dans la forêt. Donc vraiment l’idée c’était ça, c’était simple, c’était de rencontrer des gens qui sont dans la forêt, de passer du temps avec eux, et en faire un livre.
Du coup ce mode de vie, de voyager beaucoup, ce nomadisme, qui t’accompagne dans ta création, ce n’est pas quelque chose que tu étais venu chercher dans ton métier, dans le métier de photographe ?
Le nomadisme a toujours fait partie de ma vie. Mon père n’était pas souvent là, il voyageait. On a déménagé, on est allés en Espagne, après on est partis en France, au Québec, Vancouver… Donc si je ne faisais pas de photos, j’étais quand même en promenade.
C’était déjà en toi ?
Je pense que oui ! La curiosité encore… Celle d’aller voir ce qu’il y a plus loin. Je pense que ce sont des fondations de notre personnalité qui reviennent après et s’expriment sur d’autres moyens comme la photo, le travail qu’on fait, ou ce qu’on aime faire, nos loisirs… La curiosité se développe mais elle est quand même un peu en nous.
Et alors justement, après toutes ces années en tant que nomade, est-ce qu’on a pas envie de se trouver un port d’attache et prendre un peu le temps ?
Oui, le port d’attache c’est justement quelque chose sur lequel on travaille ! Là ça fait 2 ans qu’on a un bureau avec une adresse fixe, on peut recevoir du courrier, des choses comme ça. C’est pas facile de ne pas avoir d’adresse. Malheureusement on n’a pas encore passé assez de temps là-bas. Mais on se force à rester, on est en train de fabriquer une petite maison sur une station de ski dans le Montana, aux Etats Unis. C’est surtout important pour Andréa d’avoir un pied à terre, et pour moi aussi, mais je pense que c’est bien d’avoir un endroit où l’on peut revenir. On apprécie ça encore plus quand on n’a pas vu cet endroit depuis longtemps.
Parce qu’aujourd’hui vous n’avez pas de lieu fixe ?
On loue des maisons pour 3-4 mois, puis on va ailleurs… Ce n’est pas vraiment du voyage, constamment tous les jours, parce que ça n’est vraiment pas évident… En tout cas, pour nous, on l’a fait à une époque et puis… C’est bien de rester 2-3 mois, 3-4 mois à un endroit, et de chercher un peu plus loin. On a tous une idée du road trip américain, où tu vas de New York à LA, puis on fait ça en un mois… C’est intense, c’est bien de le faire ! Et après ça donne des idées sur le prochain voyage. Donc c’est important de creuser, d’aller faire des choses d’un point de vue macro et micro.
Le quotidien c’est donc vraiment alterner entre les voyages et rester chez toi ?
Oui. Encore une fois je vais être en contradiction, j’adore la routine, et en même temps, je ne peux pas supporter l’idée de rester dans des choses trop fixes… Mais c’est important de développer une routine, et sur la route c’est toujours dur de l’avoir. Je trouve en tout cas que tous les plus grands créatifs de notre siècle passé – il y a un bon livre d’ailleurs qui parle de leurs habitudes de travail, pour voir comment est-ce que Van Gogh et Picasso travaillaient, ou Shakespeare – et 90% d’entre eux étaient dans une routine. Sans cette routine, on ne peut pas aller dans du travail trop profond. Pour moi, j’ai l’impression qu’avoir une routine, finalement c’est ce qui différencie un pro d’un amateur… C’est quelqu’un qui vient tous les jours faire ce qu’il a à faire, même s’il n’a pas envie. Quand on est amateur, qu’on le fasse ou pas, ce n’est pas grave. Mais quand on veut être professionnel, on n’a pas le choix, il faut le faire. C’est la routine qui force.
Tu as des petites routines que tu t’imposes ?
Oui, Andréa dit que je suis comme un vieux monsieur. Parce que j’ai mes routines… J’aime bien me lever à une certaine heure, manger certaines choses, boire mon café à une certaine heure, parce que sans ça je ne suis pas très productif. J’ai l’impression que toute ma vie, ce sont des tactiques que je monte pour vaincre le flemmard en moi. Et les emplois du temps aident aussi !
Retrouvez la deuxième partie de l’interview dans la vidéo ainsi que le récap complet du premier Fresh Air Festival. On vous donne rendez-vous les 8, 9 et 10 juin 2018 pour la 2nde édition, avec toujours plus de conférences, workshops, films et expo photos (et quelques bières aussi) !
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