Séduisant compromis entre la glace et le rocher pour une escalade hivernale
La grimpe, c’est par tout temps, même en hiver : quand certains choisissent la chaleur des salles d’escalade pour garder la forme, d’autres prennent l’option outdoor, et s’adonnent aux joies du dry-tooling.
Mix entre les traditionnelles escalade glaciaire et escalade rocheuse, le dry-tooling se pratique sur paroi rocheuse, piolets dans les mains et crampons aux pieds. D’où son nom anglophone : « Dry » (sec), pour la surface sèche, et « tooling » (outillage), pour l’utilisation de matériel.
Figure incontournable de la discipline, tout du moins en France, Gaëtan Raymond nous donne sa définition : « C’est de la cascade de glace sans glace. »
Mais quel intérêt ? « Le dy-tooling offre l’avantage de pouvoir grimper lorsque la météo est difficile. » Par temps froid, on enfile les gants, on s’empare des piolets, et c’est parti pour l’ascension ! Au contraire de la main nue, le piolet permet d’évoluer sur de la roche abîmée, ainsi que sur des parois horizontales. Parfois même très horizontales… « En escalade rocheuse, les prises restent assez aléatoires, alors que le piolet, lui, s’accroche n’importe où. »
La cascade glaciaire a elle aussi ses défauts, puisque la glace ne se retrouve pas en dévers (une surface inclinée au-delà de la verticale), et qu’elle commence à se faire rare sous l’effet du réchauffement climatique.
Bref, le dry-tooling va là où les autres disciplines ont du mal à se pratiquer : Un bon compromis qui s’est progressivement installé dans le domaine de la grimpe.
Considéré à l’origine comme un simple entraînement pour l’alpinisme ou la cascade de glace, le dry-tooling a été reconnu comme discipline à part entière en 2000. « Aujourd’hui, il y a trois catégories de grimpeurs de dry : Ceux qui continuent de s’entraîner pour l’escalade glaciaire, ceux qui l’expérimentent à cause du mauvais temps, et ceux qui font du dry pour faire du dry. » Sans être athlète professionnel, Gaëtan Raymond est dans cette dernière catégorie depuis 10 ans. Ce Français de 35 ans a découvert le dry à 18 ans. Depuis, il ne lâche plus prise. En février 2015, il renouvelle même l’exploit du Britannique Tom Ballard, en terminant la voie la plus difficile du monde.
« A line above the sky » est un toit de 50 mètres de long dans les Dolomites, en Italie. Une voie sur paroi horizontale qui lui vaut la cotation D 15. D pour dry-tooling, 15 pour le niveau. Le plus élevé. Les débutants, eux, commencent à D 4.
Endurance et combativité sont les maîtres-mots du dry. « Armé de piolets, on se sent comme un guerrier ! C’est rigolo et grisant à la fois », décrit le grimpeur français. Le piolet ferait ainsi toute la différence : « Avec ça dans les mains, on va au bout de soi-même ! Jusqu’à la fin, on se bat pour ne rien lâcher. » Sensations garanties : « Une fois arrivé au bout, on a l’impression de revenir d’un long voyage. »
S’il semble spectaculaire et vertigineux, surtout à l’horizontale, ce type de grimpe serait pourtant moins physique que l’escalade rocheuse. « Grâce aux piolets, c’est plus facile physiquement, mais plus compliqué techniquement. » Il suffirait alors de bien apprivoiser son matériel pour se sentir à l’aise. Et avoir l’âme d’un guerrier…
En savoir plus : Association Dry-tooling style
A voir prochainement : Génération Dry, film-documentaire en cours de projet, qui fait appel au financement participatif.
Où pratiquer le dry-tooling ?
L’Usine, à Sassenage, près de Grenoble. Le spot le plus prisé en France, qui propose d’immenses voies pour débutants et expérimentés.
Le Quintal, proche d’Annecy, avec une vingtaine de voies de D 4 à D 10.
Le Zoo, à Sallanches. Le spot le plus ancien, pratique quand le temps est mauvais.
Eptinghen, en Suisse, qui s’adresse aux plus expérimentés.
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