En 2010, au cœur de la taïga sibérienne, le photographe suisse Yann Laubscher découvrit une vallée isolée, habitée par un peuple retiré du monde, porté par une foi inébranlable. Cette rencontre éveilla en lui une fascination viscérale, teintée de mystère et d’émerveillement. Six ans plus tard, il y retourna, poussé par le besoin de comprendre, photographier et documenter la beauté muette de ces terres oubliées.
Un beau jour de 1978, au cœur de la Sibérie, une équipe de géologues soviétiques survole une région oubliée des cartes : un océan de forêts boréales, réputé vide, sauvage et impénétrable. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils s’apprêtent à faire une découverte de taille. Entre les nappes de brume, au milieu d’une clairière, ils aperçoivent une petite cabane avec un mince filet de fumée qui s’échappe de la cheminée. Et à côté, une poignée de silhouettes humaines.
Depuis quatre décennies, un peuple vivait là, sans électricité, sans nouvelles du monde, sans confort moderne. Retirés par choix, ils étaient portés par une foi inébranlable, une foi qui semblait leur tenir lieu de tout le reste.
Trente ans plus tard, Yann Laubscher, jeune photographe suisse et étudiant en sciences naturelles, ignore tout de cette histoire. Il embarque pour la première fois en Sibérie pour suivre ses amis russes dans leur tradition estivale : la descente d’une rivière en radeau, au cœur de l’immensité. Pendant des semaines, ils se laissent porter par le courant et quittent peu à peu la civilisation, jusqu’au jour où, par hasard, ils atteignent à leur tour cette vallée oubliée.
Là-bas, ils rencontrent des habitants qui vivent en harmonie avec la Terre, dans un monde où tout semble figé, hors du temps. Mais il est vite l’heure de repartir. Avec, au fond du cœur, une fascination pour cet endroit et une seule envie : revenir.
Quelques années plus tard, Yann Laubscher est enfin prêt pour ce nouveau voyage. Avec son appareil photo, il veut voir, comprendre et raconter cette taïga russe, que l’on croyait déserte mais qui offre, en réalité, pour celles et ceux qui cherchent à fuir le monde moderne, un sanctuaire lointain. Un lieu où l’on peut se cacher, se protéger et se fondre jusqu’à disparaître. Et peut-être découvrir, à l’écart du tumulte, une autre idée du bonheur.
Photographe et naturaliste de formation, Yann Laubscher explore depuis plus de dix ans les territoires sauvages de Russie, de la Sibérie au Kamtchatka. Habitué des grands espaces et fasciné par notre lien au vivant, il développe une approche documentaire engagée, entre exploration et récit. En parallèle, il mène des projets en Suisse, comme M38, autour de la figure du loup, ou Le sang noir, sur la chasse en Valais. Il est lauréat du prix Camera Clara et de la bourse Globetrotter World Photo.
Cet épisode a été réalisé par Thomas Firh, accompagné par Inès Cochard. Le récit a été présenté par Clémence Hacquart. La musique est composée par Nicolas de Ferran. Chloé Wibaux s’est assurée du montage, et Antoine Martin du studio Krispy Record du mixage.
La saison 8 du podcast Les Baladeurs est soutenue par Columbia.