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Il y a bien des moyens de voyager. Nathan, Olivier et Damien ont choisi la course à pied. Quoi de mieux, pour découvrir une région, que le rythme de ses foulées ? L’altitude, la topographie, la nature… Le trail permet d’expérimenter pleinement un environnement. Nos trois coureurs sont partis en Suisse pour rejoindre le tracé de la Via Alpina, un sentier de 5 000 kilomètres qui relie Trieste à Monaco, et se faufile entre les hauts sommets des huit pays alpins qu’il traverse.
Un voyage de col en col qu’ils nous racontaient dans notre huitième volume papier « Les Lignes », en partenariat avec On, la marque de running suisse, dont ils ont pu tester en exclusivité le dernier modèle de la collection trail, Cloudventure. Retrouvez ici leur itinéraire décomposé étape par étape et la vidéo réalisée à l’occasion.
L’idée de traverser un pays est séduisante à bien des égards. Tout d’abord, il faut prendre le temps. Le temps de découvrir un territoire en détails et d’apprécier la végétation, le relief, la lumière, la langue, les habitudes de ses habitants, la couleur des tuiles sur les chalets… Tout ce qui fait qu’on est ici, dans ce pays, et pas dans un autre. Traverser un pays, c’est aussi sortir des sentiers trop empruntés. Impossible de se cantonner aux sites touristiques et aux villes. Il faut aller en profondeur, suivre son tracé d’un bout à l’autre, mètre après mètre.
Autant d’arguments qui nous ont donné envie de partir à l’assaut de la Via Alpina. Ce réseau de randonnée pédestre relie Trieste à la Méditerranée, et propose cinq itinéraires entre la Slovénie, l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, le Liechtenstein, la Suisse, la France et Monaco. En tout, 5000 kilomètres et 342 étapes journalières. Comme on ne pouvait pas vraiment prendre une année sabbatique, on a fait le choix de se concentrer sur quelques étapes en Suisse, que la Via Alpina traverse de part en part, du Liechenstein au Lac Léman, en enchaînant les cols parmi les plus beaux des Alpes. Une étape, un jour, un col. Le projet est lancé.
Avant que les couleurs automnales ne cèdent place aux premières neiges, on est partis, chaussures et sacs ajustés, à petites foulées. Car oui, j’oubliais : la Via Alpina, on la fera en courant. Courir, on aime ça. Alors courir entre potes au milieu de paysages somptueux, on ne pouvait vraiment pas y résister. Il est écrit quelque part que “courir permet de faire l’expérience de l’immensité des paysages par ses propres moyens”. Faut-il encore se justifier ?
Après une journée de transport, on arrive à l’Est de la Suisse, près de la frontière avec le Liechtenstein, dans le canton de Glaris. Au bord du lac du Klöntal, le soleil se lève à travers la brume. Le décor est planté, les troupes sont motivées. La première étape démarre à Elm. La route s’arrête littéralement dans ce petit village posé en contrebas des massifs. Objectif du jour : le col du Richetlipass, à 2 261 mètres d’altitude. La première étape représente toujours un mélange d’excitation et de questions : on est très heureux de partir enfin à l’assaut des sommets, que l’on va pouvoir explorer. Mais, d’un autre côté, on fait face aux incertitudes des débuts de course, sur un terrain que l’on ne connaît pas… A t-on bien préparé le parcours ? Est-on suffisamment entraîné ?
La route va être longue, alors on démarre à allure modérée. Le dénivelé est important et on est pas venus jusqu’ici pour abandonner en pleine ascension ! En ce début d’automne, le soleil reste bas, on a l’impression d’être en fin d’après-midi alors qu’il est à peine 13 heures. Et les degrés que l’on gagne au soleil sont immédiatement perdus dès que l’on passe à l’ombre des sommets. On est les derniers visiteurs de la saison, on ne croise que très peu de randonneurs. Les montagnes seront notre terrain de jeu privilégié ! Après 3 heures d’ascension, on arrive au sommet. Premier col, premier succès : à gauche, le dénivelé que l’on vient de grimper, et qu’on regarde en soufflant, mains sur les hanches. À droite, la pente que l’on va maintenant devoir dévaler et qui nous mènera jusqu’à la ville suivante.
Sur le papier, c’est la plus belle étape. C’est aussi celle qui doit nous emmener vers le plus haut col de notre itinéraire, le fameux Hohtürli, qui domine les glaciers avant de tomber à pic vers le lac d’Oeschinen et ses eaux turquoises. Le soleil se lève à peine quand on arrive au pied du massif. Là, on découvre les motifs laissées dans le sable par la rivière asséchée. On sort le drone pour prendre toute la mesure de ce tableau naturel. C’est bien simple : on se croirait en Islande. Après quelques foulées pour se réchauffer dans ce décor plutôt inhabituel, il est temps d’entamer les 1500 mètres de dénivelé qui nos séparent du sommet. On sait déjà ce qui nous attend : une distance assez courte, donc une pente très raide !
Et on ne nous avait pas menti. Après une première partie au soleil, en pente douce, le chemin bifurque subitement et grimpe à pic, face à la falaise. On s’arrête pour reprendre notre souffle, avant de voir descendre avec stupéfaction un randonneur, en short et t-shirt ! Lui aussi est bien surpris de nous voir courir ici. On continue d’avancer tout en restant sur nos gardes : les panneaux sont en allemands, on ne voudrait passer à côté de précieuses indications. On est déjà à mi-parcours quand on parvient à déchiffrer une affiche qui semble expliquer qu’à cette époque de l’année, des passerelles ont été retirées et certains chemins (le nôtre ?) sont impraticables…
Après une éternité à grimper, on se retrouve à flanc de roche, sur des marches qui surplombent un pierrier en contrebas. L’ambiance est digne du Seigneur des Anneaux. Encore un petit effort et on atteint le col, à 2 778 mètres d’altitude. La vue sur le glacier est exceptionnelle. Quelques fanions himalayens complètent le tableau, agités par ce vent glacial qui nous ramène à notre statut de derniers visiteurs de la saison. On est trempés, la fatigue et la faim commencent à se faire sentir.
On débute la descente entre les cailloux. Les cuisses sont lourdes. On n’attend plus qu’une chose : tomber sur le lac d’Oeschinensee qui, selon nos calculs, ne devrait plus être loin. En arrivant à un refuge, on passe un promontoire et c’est la surprise… Le lac est là, d’un bleu irréel. Il s’étale en contrebas, environ 200 mètres sous nos pieds. La vue est incroyable, entre les glaciers, les falaises qui plongent directement dans l’eau glacée. On en a le souffle coupé, et ce n’est pas d’avoir tant couru ! Quelques kilomètres sont encore nécessaires pour redescendre à Kandersteg. Le téléphérique que les visiteurs empruntent l’été est déjà fermé. Bilan de la journée ? Trente kilomètres dans les pieds, et des images plein la tête.
Dernier jour, dernière étape. Au menu du jour : on quitte Kandersteg et ses petits chalets en bois pour atteindre la station d’Adelboden. Ce matin, le départ est difficile. Les jambes peinent à redémarrer. Mais le soleil brille et nous offre la motivation qui nous manquait.
On reprend la route en suivant des lacets sinueux pour prendre de l’altitude. Mais très vite, on perd la trace du sentier et il faut remonter à tâtons. Le balisage, pourtant très bien réalisé jusqu’ici, a complètement disparu. Bon, le sommet est là. En théorie, il suffit de monter ! On poursuit notre propre chemin, en se disant qu’on finira bien par retomber sur le sentier « officiel ». La montée s’avère donc plus technique que prévu… Mais on avance, mètre après mètre, entre les pierriers. Encore un petit effort, on y est !
La descente se fait en douceur, le paysage se transforme progressivement. On laisse la roche brute derrière nous pour retrouver les estives, puis la forêt. Demain, on rejoindra Montreux et le Lac Léman. C’est sur ces rives que s’achèvera notre traversée de la Suisse, le long de la Via Alpina. Les jambes tirent un peu mais les pieds, eux, sont déjà prêts à redécoller ! Et si, la prochaine fois on se faisait tout le sentier, de Trieste à la Méditerranée ?
Production : Les Others Studio
Réalisation : Théo Zesiger
Photos : Fabien Voileau et Damien Bettinelli
Merci à On pour leur soutien sur ce projet. Pour retrouver la chaussure Cloudventure, c’est par ici.
En partenariat avec
ON
Née dans les Alpes suisses en 2010, la marque ON s’est installée avec une grande ambition : révolutionner le running. Sa technologie brevetée CloudTec® est conçue pour offrir un amorti doux suivi d’une poussée dynamique. Le résultat ? Une sensation de coursé incroyablement légère, sans aucun compromis sur le rembourrage et la protection contre les impacts.
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