Agathe Monnot a parcouru 16 245 kilomètres au nord de l’Europe pour finalement trouver ce qu’elle était venue chercher.
Je suis partie. Pour bouffer des kilomètres. Pendant trois mois. Pendant des heures. Seule. Découvrir la Scandinavie. J’ai traversé le Danemark et la Suède. J’ai dévoré la Norvège. J’en ai savouré chaque bouchée. J’ai roulé jusqu’au Cap Nord. Le nord de l’Europe. Plus rien au-delà de l’horizon que le Pôle Nord. Au volant de mon fourgon.
Il y a cette phase juste avant le sommeil. Pas encore endormie, mais plus vraiment réveillée. Le cerveau prend ses aises et on ne contrôle plus vraiment ses pensées. Conduire seule, c’est ça. On se souvient de choses oubliées. On fait des projets un peu fous. On délire, on divague. On repense à de vieux amis que l’on n’a pas vu depuis longtemps. On se promet de changer de vie. Ces heures sur les routes sont aussi importantes que les lieux qu’elles relient. Un voyage dans le voyage.
Seize mille deux cent quarante-cinq kilomètres. Rouler à en avoir les yeux rouges. Se perdre. S’en moquer. Passer les vitesses. Voir quelque chose. Faire demi-tour. Prendre une photo et repartir. Croiser des camions sur des routes de montagnes. Fermer les yeux et retenir son souffle. Le vent par la fenêtre grande ouverte qui fait voler mes cheveux. Le soleil qui me chauffe les bras. Faire des détours de cent kilomètres. Chanter plus fort que la pluie qui tombe sur le toit. Prendre des auto-stoppeurs. Parfois pour une heure, parfois pour une semaine. Parler au camion comme à un vieil ami.
J’ai changé de mode de vie. Je suis devenue nomade. Vivre dehors, pour être libre. J’ai couru dans les vagues. J’ai pleuré de beauté. J’ai ri de bonheur. J’ai raconté ma vie à des inconnus autour du feu. J’ai lu dehors pendant des heures. J’ai fait la sieste. J’ai préparé le café pour mes compagnons de route. J’ai vu des rennes sur la plage. J’ai aimé des gens que je ne reverrai jamais. J’ai vécu le soleil de minuit. Je dors quand je suis fatiguée. Je mange quand j’ai faim. Je fais cuire mes pâtes dans l’eau des rivières. Je prends ma douche dans les nuages.
Agathe Monnot
Thématiques
Sur papier, 304 pages
d’air frais et de créativité
vol. 11 — Delirium
Ce qu’il se passe dans notre cerveau au contact de la nature sauvage n’est pas toujours beau à voir : distorsion de la réalité, hallucinations, phobies, délires…
Comment se matérialisent nos peurs les plus primaires ? Quelles sont les capacités et les limites de notre cerveau ? Notre perception du monde, si ordonnée, ne serait-elle finalement qu’un fragment de la réalité ?
Ce onzième volume vous propose de plonger au coeur de ce territoire immense et impalpable qui relève du psychique, du fantasme, de l’imaginaire… Un voyage multicolore là où l’esprit s’embrume, les émotions déraillent et les sensations disparaissent.
FRESH AIR CLUB — La plus grande communauté de nouveaux aventuriers
I’ve left. To eat up kilometers. For three months. For hours. Alone. To discover Scandinavia. I’ve been through Denmark and Sweden. I’ve devoured Norway. I’ve savored every single bite. I’ve driven to Nordkapp. The northern point of Europe. Nothing beyond the horizon but the north pole. Driving my van.
There is a phase just before sleeping. Not really asleep, but not fully awake. The brain makes itself comfortable and you don’t control your thoughts anymore. Driving alone is the same. You remember forgotten things. You make crazy plans. You rave, you ramble. You think about old friends that you haven’t seen in years. You promise to yourself to change your life. Those hours on the road are as important as the places they connect. A journey in the journey.
Sixteen thousand two hundred fifty kilometers. Driving until my eyes get red. Getting lost. Not giving a damn. Changing gears. Seeing something. Turning back. Taking the picture and leaving again. Passing trucks on mountain roads. Closing my eyes and stopping to breath. The wind through the open window that makes my hair fly. The sun that warms my arms. Doing hundred kilometers detours. Singing louder than the rain that falls on the roof. Picking up hitch-hikers. Sometimes for an hour, and sometimes a week. Talking to the van like it’s an old friend.
I’ve changed my way of living. I’ve became a nomad. Living outside, to be free. I’ve ran in the waves. I’ve cried from beauty. I’ve laughed from happiness. I’ve told my life to strangers around a fire. I’ve read outside for hours. I’ve taken naps. I’ve made coffee for my road companions. I’ve seen reindeers on the beach. I’ve loved people I’ll never see again. I’ve lived midnightsun. I’m sleeping when I’m tired. I’m eating when I’m hungry. I’m cooking my pasta with the water of the rivers. I’m taking my shower in the clouds.
Agathe Monnot
Sur papier, 304 pages
d’air frais et de créativité
vol. 11 — Delirium
Ce qu’il se passe dans notre cerveau au contact de la nature sauvage n’est pas toujours beau à voir : distorsion de la réalité, hallucinations, phobies, délires…
Comment se matérialisent nos peurs les plus primaires ? Quelles sont les capacités et les limites de notre cerveau ? Notre perception du monde, si ordonnée, ne serait-elle finalement qu’un fragment de la réalité ?
Ce onzième volume vous propose de plonger au coeur de ce territoire immense et impalpable qui relève du psychique, du fantasme, de l’imaginaire… Un voyage multicolore là où l’esprit s’embrume, les émotions déraillent et les sensations disparaissent.
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