Entre deux shootings de sports extrêmes, le photographe Louis Garnier part se ressourcer dans un petit hameau d’Ardèche où il passe du temps avec les habitants.
Mon père est propriétaire d’une magnifique maison en pierre, dans un petit hameau d’Ardèche. Régulièrement j’y séjourne, avec des amis, ma famille ou simplement seul. Le cadre est très reposant et pas très loin de là, à deux pas, on trouve un autre petit hameau. Avec le temps, j’ai appris à connaitre Bjorn et Sabine, deux personnes qui se sont installés ici. Ils vivent avec le temps et la nature. Allemands d’adoption, ils se sont retrouvés en Ardèche. Bjorn habite une cabane en bois, sans eau courante ni électricité, vit de son jardin et du troc. Quant à Sabine, elle habite une maison en pierre qu’on lui prête depuis quelques années dans laquelle elle élève ses deux enfants. Au début de notre rencontre, je passais les voir, on restait près du feu à discuter de tout et de rien. Au bout de quelques temps, ils m’ont demandé : « Mais qu’est ce que tu fais dans la vie ? » Photographe. Tout est parti de là, j’ai commencé à prendre mon appareil photo quand je leur rendais visite. Mon but premier était d’apprendre à les connaître mais les immortaliser fut la cerise sur le gâteau. Je me suis dis que c’était ça la photo : l’échange, la confiance et la sensibilité.
Ensemble, nous avons marché dans la foret, mangé des racines et des plantes, profité de la nature, bu du thé, vécu des moments forts. Mais je m’obstinais, « Pourquoi ? Pourquoi se sont-ils retrouvés là » ? Eux même ne le savaient peut-être pas. Un jour, Sabine m’a invité à manger en compagnie de sa mère qui était venue rendre visite à sa fille et ses petits enfants. Je leur ai offert mon vieil ordinateur, le disque dur encore plein, pour leur permettre de voyager en regardant mes réalisations. « J’ai l’impression que tu nous a laissé une partie de ta vie » me confia plus tard Sabine. À l’école, les enfants subissent les préjugés, les regards fusent. La principale cause – injuste : le parcours atypique de cette famille pas comme les autres. Nous nous sommes fait un gros câlin et j’ai repris la route. Aujourd’hui, je voyage continuellement pour le travail et je me dis que ça fait un moment que je ne suis pas retourné dans le coin. J’attends avec impatiente mon prochain séjour là-bas, aux côtés de Bjorn, Sabine et les enfants, mon appareil autour du coup, afin de repartir des souvenirs plein la tête.
Louis Garnier
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