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A travers le mouvement normcore, véritable ode à la neutralité, 2014 aura marqué le retour du casual dans les gardes-robes, symptomatique d’une envie de calme et de pureté. Exit l’extravagance, le retour à simplicité semble être à l’ordre du jour. Les pantalons se portent taille-haute, les chemises unies, les cheveux naturels, les baskets blanches et compensées. Une vision que semble partager David Obadia, jeune et talentueux créateur français qui, quatre ans après avoir fondé BWGH avec Nelson Hassan, dévoile en cette rentrée sa nouvelle griffe Harmony Paris. Nous l’avons rencontré il y a peu, dans son studio du Sentier, au coeur du 2ème arrondissement parisien.
Le parcours
Hello David, peux-tu te présenter, nous dire quelques mots sur tes origines et tes ambitions dans le monde de la mode ?
Je m’appelle David Obadia, j’ai 25 ans et j’habite du côté de Pigalle à Paris. Mon père travaille dans le textile et ma mère dans l’art, j’ai donc très tôt baigné dans cet univers que j’aime tant. J’ai crée en mai 2010 Brooklyn We Go Hard, un label énergique qui traduit plutôt bien ce que j’affectionne et la vision que j’ai du streetwear. Avant de lancer BWGH, j’ai également beaucoup appris aux côtés de Stephane Ashpool – fondateur du label Pigalle – que j’ai eu la chance d’assister pendant quelques temps. Il m’a initié aux bases du métier : une marque de sappe doit être imaginée autour d’un univers, d’une identité globale, les pièces ne sont en soit que la matérialisation d’une pensée plus large. Je souhaite aujourd’hui m’orienter davantage vers la mode contemporaine, plus highfashion. Une volonté qui se concrétise en cette rentrée avec Harmony Paris.
De l’inspiration à la création
En tant que créateur, quelles-sont tes influences au quotidien ?
En terme d’inspiration concrète, quand on fonde un label de mode, on se doit de le créer dans sa bulle, de ne pas – trop – regarder le marché, ce qu’il se passe autour afin d’éviter la paraphrase. Je suis évidemment influencé par l’art : Ethan Cook par exemple ou l’univers de Marc Rohtko, qui a notamment inspiré une récente collaboration entre Puma et BWGH intitulée Bluefield. Concernant Harmony, la démarche est plus personnelle et l’influence locale. Je souhaite que l’homme et la femme Harmony soient très parisiens, chics, élégants, dans des pièces architecturales et minimalistes.
Le design des produits
Peux-tu nous en dire un peu plus sur le processus de fabrication, les matières, la démarche de conception et l’identité visuelle ?
Alors, dans un premiers temps, tout part d’un moodboard. Pour Harmony j’ai disposé des couleurs et œuvres de Newman ou de Le Corbusier, mais également des photographies d’hommes et de femmes, de personnalités, pour personnifier le label. Que ce soit Pio Marmai, Gesaffelstein, Spike Jonze, Mos Def, Marine Vacth ou encore Cyprien Gaillard, tous représentent l’individu Harmony. Dans un second temps, l’idée est d’imaginer des catégories de produits composant le futur vestiaire. Bombers, trenchs, sweats, les items doivent se répondre et respecter la vision globale, la plateforme de marque initialement pensée. Puis la phase de sélection des palettes de couleurs arrive, le choix des tissus, le patronage en compagnie de ma modéliste. Une fois ceux-ci envoyés à l’usine, les premiers modèles arrivent peu à peu, mais il faut évidemment quelques aller-retours avant de pouvoir disposer sur le cintre la pièce telle qu’on l’imagine au départ.
Back to basics
Quelle est ta vision du marché, des différentes tendances ? Existe-t-il une bonne recette en cette rentrée 2014 ?
Il y a 10 ans, tu devais aller à Fulton Street pour dégoter la paire de Nike introuvable qui te faisait rêver. Depuis, Internet a permis de démocratiser l’univers de la mode et surtout du streetwear en le faisant passer d’une culture niche à une culture globale. Même le secteur du luxe est touché. Tu vois aujourd’hui des maisons qui font appel à des icônes street pour propulser et médiatiser leur label. Moi je suis plutôt dans la démarche inverse. Les différentes mouvances du marché ne m’influencent pas plus que ça au quotidien, tu ne me verra jamais avec des motifs all-over. Pour te dire, je fais d’Uniqlo une de mes références. J’adore la mode, mais je ne veux pas d’une marque de sappeurs (rires). À trop en faire, le streetwear a perdu de son identité, les gens attendent aujourd’hui plus de simplicité. Ils veulent des produits dans lesquels ils se sentent bien, qu’ils peuvent porter tous les jours, tout en restant élégants. C’est ce que je souhaite, faire du bon vêtement, pour les gens qui aiment la mode.
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