Le temps d’un week-end, Shannon Powell s’est échappée au sud de l’Australie pour camper avec ses amies.
C’était la première fois que je me rendais au Wilson’s Promontory, un parc national en friche situé a l’extrême sud de l’Australie Continentale. Bien qu’à seulement 200 kilomètres des trottoirs de Melbourne, nous avions l’impression d’être à mille lieues de la civilisation. C’est un des charmes de la vie sur une île : vous pouvez vous évader quelques heures de la ville pour profiter de la solitude absolue dans la nature.
Les plages qui bordent la côte sont complètement isolées. Nous avons roulé dans Whiskey Bay, un lieu étrange et désolé, parsemé de pierres colossales couvertes de mousse d’un rouge éclatant. Le vent souffle dans toutes les directions, et l’océan ressemble à une ruée de chevaux blancs faisant la course vers le rivage. Nous avons trouvé refuge sous un étrange amas de rochers, un endroit parfait pour se reposer.
Avant de partir, nous avions rempli notre voiture à ras bord de tout ce qui pourrait être utile : couvertures, lampes frontales, livres, casseroles, sacs à dos, imperméables, boîtes d’allumettes et paniers plein de nourriture. Avec tout ça, nous avons mis en place un petit camp, niché dans les broussailles servant d’abri aux habitants réguliers que sont les wombats, les cerfs, les wallabies et toutes sortes d’echidné.
Le lendemain, nous avons commencé notre ascension vers le Mont Oberon. Des fougères préhistoriques bordaient les sentiers de randonnée comme une armée de guerriers verts. Ici, tout a grandi dans le chaos ordonné donnant à la vie toute sa splendeur. La couverture de mousse verte au sol formait un lit de velours pour la forêt, parsemé de taches orange se mêlant aux champignons sur l’écorce des arbres imposants.
Nous avons continué à grimper, le regard vers le sommet de la montagne où la terre est formée des rochers géants empilés les uns sur les autres comme des boules de glace. Les blocs en équilibre menaçaient de s’effondrer sur nous. La vue d’en haut était remarquable. Nous pouvions voir les squelettes d’arbres couleur cendre, dénudés de leur feuillage par les derniers feux de brousse, sortir du sol comme les doigts d’un cadavre tentant de saisir l’air pur.
Lorsque nous avons finalement atteint le sommet, la nature luxuriante s’étendait à perte de vue. Comme si quelqu’un avait repoussé la civilisation loin de la terre. Le brouillard nous enveloppait complètement, rendant le monde opaque, caché derrière un voile comme le visage d’une jeune mariée. Nous sommes restés camper en altitude pour ce qui semblait une éternité. Le regard fixe dans les abîmes, pour tenter de préserver ce moment d’isolement parfait.
Shannon Powell
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